Le trafic d’armes existe bel et bien à la frontière de la Tunisie mais demeure relativement restreint, a souligné Mohamed Meddeb, expert et ancien directeur général de la Douane.
Les postes frontières de Dhéhiba et de Ras Jédir et la région de Kasserine, sont les principaux foyers de terrorisme et de contrebande en Tunisie, a-t-il dit lors d’une conférence organisée, mercredi à Tunis, par le Centre d’études et de recherches économiques et sociales (CERES) intitulée « Vers la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme et la contrebande ».
Il a estimé que l’instabilité de la Libye qui a favorisé la prolifération des armes depuis le déclenchement de la crise dans ce pays rend jusque là difficile la sécurisation des frontières. Pour lui, le lien entre le terrorisme et la contrebande a été établi et devient même une évidence.
« Le terrorisme se nourrit de la contrebande et vice-versa » a-t-il soutenu, citant en exemple l’attaque contre le musée du Bardo perpétrée le 18 mars dernier par deux terroristes qui sont entrés clandestinement dans le pays depuis la Libye, pays dans lequel ils ont appris à manier les armes.
Pour commettre des actes terroristes et provoquer un carnage, a ajouté l’expert, il n’est pas nécessaire d’être armé jusqu’aux dents. Les assaillants du musée du Bardo qui ont tué 23 personnes et fait des dizaines de blessés l’ont prouvé, a-t-il regretté. Cependant, a-t-il noté, il convient de distinguer les contrebandiers ordinaires des réseaux terroristes.
Les premiers exercent une activité illégale dans un marché en pleine expansion (devises, tabac, alcool, hydrocarbures, cannabis, fusils de chasse et produits alimentaires…). Ces contrebandiers peuvent, toutefois, fournir des renseignements sur les lieux de présence des unités de sécurité et appuyer financièrement les terroristes, le cas échant.
La conférence à laquelle ont pris part plusieurs experts et universitaires a débouché sur un ensemble de recommandations visant la lutte contre le terrorisme et la contrebande.
Les participants ont appelé à la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre ces fléaux, à multiplier le nombre de cheikh-points et de patrouilles sécuritaires sur les frontières et à équiper les points de passage (terrestre et maritime) de matériels de surveillance de pointe.