Tunisie – Enfance menacée : Une moyenne de 19 signalements par jour

“Le nombre de signalements reçus par les délégués à la protection de l’enfance s’est élevé à 6096 durant 2014 soit une moyenne de 19 signalements par jour contre 5783 en 2013”, a indiqué, lundi lors d’une rencontre avec la presse, Mehyar Hammadi, délégué général de la protection de l’enfance.

Mehyar Hammadi qui présentait le rapport statistique annuel sur “l’activité des délégués à la protection de l’enfance 2014”, a souligné qu’en 2014 la moyenne nationale des signalements est estimée à 254 signalements par gouvernorat. Le plus grand nombre de signalements a été enregistré dans les gouvernorats de Tunis (12%), Bizerte, Ben Arous et Sfax.

L’intervenant a précisé qu’il existe plusieurs situations de menace pour l’enfant comme la perte des parents, l’exposition à la négligence et au vagabondage, le manquement notoire et continu à l’éducation et à la protection, le mauvais traitement, l’exploitation sexuelle et économique ou l’implication des enfants dans des crimes organisés.

Il a ajouté que 51,2% des signalements reçus par les délégués à la protection de l’enfance ont été effectués par la mère ou le père.

Dans ce contexte, l’intervenant a dénoncé le faible taux de signalements effectués par les établissements éducatifs qui est de 4%, appelant les enseignants et le cadre éducatif à se mobiliser pour signaler les cas d’enfants en situation de menace.

Selon le rapport, le domicile parental et la rue représentent les principaux lieux source de danger pour l’enfant avec respectivement 62,3% et 14,6% des cas signalés en 2014. La même source indique que 19,6% des enfants faisant l’objet de signalement se trouvaient au moment des faits au sein d’institutions supposées offrir un milieu protecteur à l’enfant (1195).

Les cas d’incapacité des parents ou de ceux qui ont la charge d’assurer la protection et l’éducation de l’enfant constituent la première cause de signalements auprès des délégués à la protection de l’enfance en 2014 suivis par les situations de manquement notoire et continu à l’éducation et à la protection et les cas de négligence et de vagabondage.

Par ailleurs, 16,1% des enfants menacés fréquentent les institutions de la petite enfance, tandis que 39,1% sont scolarisés en 1er cycle de l’enseignement de base. Le rapport ajoute que le nombre de cas d’exposition de l’enfant à la mendicité ou à l’exploitation économique n’a pas dépassé les 40 cas au cours de 2014.

Les sources de violence se sont diversifiées, mais la violence familiale de la part de l’un des membres de la famille s’est nettement propagée avec un taux de 65,6% (1836 cas) de la totalité des cas violentés pris en charge par les délégués à la protection de l’enfance en 2014. Selon le rapport, les cadres éducatifs sont responsables de 338 cas de violence (12.1%).

Sur un total de 331 signalements pour exploitation sexuelle, 52% sont des cas de harcèlement sexuel et 35% de rapports sexuels avec des enfants enregistrés essentiellement dans le grand Tunis et les régions du nord est et du Sahel.

Au cours de la conférence l’accent a été mis sur la nécessité d’élaborer une stratégie globale et inclusive pour la protection des enfants qui regroupe tous les intervenants.

Les participants ont, aussi, souligné la nécessité de renforcer le rôle des composantes de la société civile et des enseignants dans la sensibilisation des enfants et le signalement des cas d’enfants en situation difficile, mettant l’accent sur le manque de cellules d’écoute. Ils ont recommandé la mise en place de nouveaux mécanismes pour faire parvenir la voix de l’enfant et protéger ses données personnelles.

Dans ce contexte, un appel a été lancé aux journalistes pour se faire assister par un psychologue ou un pédopsychiatre lors de la réalisation d’un reportage ou d’une enquête sur des enfants afin de préserver leurs droits et ne pas les mettre en danger. Pour sa part, Samira Maraï, ministre de la femme, de la famille et de l’enfance a indiqué qu’une étude d’évaluation des politiques de l’enfance en Tunisie sera lancée dans les prochains jours.