Qu’est ce que l’éveil musical et peut on parler aujourd’hui en Tunisie de l’existence de cette discipline pédagogique aussi bien dans les écoles de musique que dans les établissements chargés de l’enfance?
L’éveil musical est défini selon les experts comme un apprentissage dès le bas âge, à l’ouverture vers le monde sonore dont l’écoute est la base essentielle. Selon les psychologues, l’éveil des sons, des rythmes et des voix se fait dès le bas age jusqu’à l’age préscolaire car c’est cette tranche d’age qui est à la base de la construction de l’identité musicale de l’enfant et de sa personnalité.
Le musicologue et expert en éveil musical Ridha Ben Mansour estime que cette démarche d’apprentissage balbutie encore entre la théorie et la pratique: l’éveil est enseigné dans la théorie mais n’a aucune présence dans la pratique. L’éveil musical, comme il le définit, est un ensemble de démarches d’expérimentation liées aux sons et primordiales pour la découverte du talent chez l’enfant à travers son initiation précoce à la musique.
Il s’agit d’un excellent outil, sinon le premier, pour développer le sens de l’écoute et donc de faire connaître petit à petit chez l’enfant les ingrédients de base du langage musical. C’est cet éveil qui lui permettra par la suite d’avancer vers un autre stade, celui de la philosophie de la musique qui évolue selon les personnes et donc de dégager cette résonance de l’instrument dans la résonance du corps. Ce sont ses sessions d’éveil musical qui permettent, a-t-il expliqué, à l’enfant d’apprendre à écouter, à apprécier, à juger et donc de stimuler l’imagination à travers la voix, le rythme et le corps.
Dans la pratique, le responsable du département de musique et de danse au ministère de la culture Fethi Ajmi a tenu à préciser que les méthodes d’enseignement musical enseignées dans les 20 écoles publiques de musique (2 à Tunis et 18 dans les régions) n’accordent aucune importance à la matière d’éveil musical, bien que cette discipline est enseignée à l’Institut supérieur de musique de Tunis et à l’Institut supérieur des cadres de l’enfance à Carthage Dermech.
Partageant cet avis, Leila Ben Rhouma professeur universitaire à l’Institut supérieur des cadres de l’enfance a mis l’accent sur l’absence de cet apprentissage et d’exercice d’identité musicale dans les institutions de musique publique ou privées. Malheureusement, a-t-elle mentionné, les dioplomés dans l’éveil musical ne trouvent pas leur place dans les crêches.
Et les jardins d’enfants n’accordent pas à cette démarche l’importance requise pour faire découvrir aux petits “le jardin musical”. La musique, a-t-elle relevé, est enseignée comme une matière qui se prête plutôt à la déclamation pour préparer un spectacle scénique de fin d’année.