“Blessées à mort”, une sociologie de la dramaturge entre la douleur du réel et l’espoir du changement

Sous une lumière tamisée, un public, essentiellement féminin, est venu dimanche au 4ème Art à Tunis, célébrer la journée internationale de la femme et revivre des faits qui relatent la douleur et la violence subies par la femme, qui tantôt se plie à la réalité, tantôt se révolte dans l’espoir de réaliser l’égalité, homme-femme.

“Blessées à morts” est un projet théâtral dont les contours ont été tracés par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD).

Ce projet est né du drame et de la souffrance quotidienne de beaucoup de femmes restées longtemps sous l’emprise d’une mentalité répandue dans la société qui les obligent à abandonner et accepter la réalité pour enfin devenir cette moitié affaiblie et anéantie par le silence.

Sur scène se profilent des figures féminines qui ont décidé de briser le silence pour raconter, dans un ton narratif, la douleur qui les a longtemps épuisées, des faits sociaux témoins de l’oppression subie par la femme sous l’emprise des mentalités et des mœurs mais aussi le silence de la société face à ces pratiques.

Serena Dandini, Maura Misiti, Emma Bonini d’Italie ou encore les tunisiennes Jalila Baccar, Amel Hamrouni, Bochra Belhaj Hamida, Latifa Lakhdar, Nadia Khiari, Mariem Belkhadhi… sont toutes venues pour défendre la femme avec des récits au style direct.

Dès le départ, le décor change pour s’adapter au récit direct avant de basculer dans l’expression dramatique narrative “des héroïnes”. Le récit est entrecoupé par une projection de portraits de femmes, aux yeux cernés portant en elles les séquelles de la violence, avant de décider de se relever et de se révolter.

Le projet théâtral est fondé sur un discours où les héroïnes expriment par la parole leurs supplices, leur drame, joie, tristesse, révolte, espoir et leurs rêves. Cette expression transforme la scène en un voyage des opprimés sur terre en quête d’une vie désirée perdue.

Des effets sonores accompagnent le spectacle et chacune des femmes sur scène. Drapées d’une esthétique visuelle et technique, les visages de femmes célèbres font l’intermédiaire entre les personnages et la thématique développée. Le spectacle se transforme devient une simulation d’une réalité sombre et douloureuse.

Après une tourné en Italie, Mexique, Portugal, Géorgie, Suisse, France et Etats-Unis, le projet “Blessées à morts”, de la journaliste et écrivaine italienne Serena Dandini, débarque à Tunis pour défendre la cause de la femme.

Le spectacle se termine et l’espoir s’évapore. La pièce de théâtre s’enferme dans une ambiance de douleurs et de silences majestueux dans laquelle la souffrance devient perpétuelle et le rêve se confond avec la réalité.