“Le traitement sécuritaire des manifestations des habitants de Dhéhiba était violent”, selon le rapport du Forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
Le rapport, élaboré par une commission d’enquête indépendante sur les évènements survenus, les 6, 7 et 8 février 2015 à Dhehiba, et présenté lors d’une conférence de presse tenue, jeudi à Tunis, a souligné que les protestations organisés par les habitants de la région étaient pacifiques et leurs revendications légitimes puisqu’ils réclamaient le droit au développement.
La commission a souligné que pour préserver l’intégrité du pays et lui permettre de faire face au risque terroriste, il s’avère, aujourd’hui, impératif de favoriser l’unité nationale, d’éviter les divisions, de resserrer les rangs et d’assurer la cohésion de tous les acteurs politiques et sociaux afin de réaliser les revendications les plus pressantes dans le domaine du développement.
Masaoud Romdhani, membre du comité directeur du FTDES et de la commission a appelé les partis politiques, notamment, ceux au pouvoir, à accélérer l’élaboration d’une stratégie de développement pour promouvoir les zones intérieures et frontalières et consacrer la justice sociale.
Il a indiqué que la colère des habitants de Dhéhiba résulte de la détérioration des conditions sociales et du déséquilibre régional, appelant à ne pas exploiter ces revendications à des fins politiques ou pour inciter à la violence.
De son côté, le président du Syndicat national des journalistes Tunisiens et membre de la Commission, Néji Bghouri, a indiqué que la taxe de sortie du territoire tunisien, fixée à 30 dinars, ne constitue pas le fond du problème mais une petite partie derrière laquelle se cache un profond sentiment d'”isolement et de non appartenance” des habitants de la région qui s’est poursuivi après la révolution du 14 janvier 2011.
“Le traitement politique et médiatique des évènements de Dhehiba n’était pas judicieux, puisque les raisons des protestations, telles que présentées par les sources officielles, étaient liées à la contrebande et au terrorisme alors qu’il s’est avéré par la suite, que la question du développement était la principale raison de ces mouvements sociaux”, a-t-il dit. Il a appelé, à cet égard, que le gouvernement actuel à impulser le rythme de développement dans cette région.
Ridha Radaoui, juriste et membre de la commission d’enquête, a indiqué que l’intervention des forces de l’ordre pour mettre fin à la protestation des habitants de Dhehiba, qu’il a qualifiée de “pacifique”, était contraire à la loi numéro 4 en date de l’année 1969, puisque les unités de sécurité ont, vite, tiré sur les manifestants. Il a ajouté, qu’ils, ont, également, utilisé de la chevrotine et du gaz lacrymogène périmés.
Des témoignages vivants sur ces évènements ont été présentés à cette occasion tel que celui du père de la victime Saber Miliane, qui a succombé à ses blessures lors des affrontements avec les forces de l’ordre.