Charlie Hebdo en difficulté financière faisait appel régulièrement aux dons pour survivre. Son dernier numéro du jour de l’attentat (7 janvier 2015) appelait en couverture “Appel aux dons, on en a encore besoin”.
L’équipe de Charlie Hebdo estimait, novembre 2014, qu’il avait besoin d’un million d’euros pour sauver le magazine. Son point d’équilibre serait atteint par la vente de 35.000 exemplaires (55.000 exemplaires il y a 5 ans) au lieu des 30.000 vendus chaque semaine, dont 10.000 abonnés.
En 2013, Charlie Hebdo perdait 50.000 euros et prévoyait le double pour 2014. “On a beau être économes, bricoleurs et débrouillards, il est devenu difficile pour nous de résister à ce qu’on appelle depuis trop longtemps la ‘crise de la presse”, soulignait le dessinateur Stéphane Charbonnier — alias Charb –. Le journal, vendu les mercredis au prix de 3 euros, avait déjà recueilli quelque 60 000 euros de dons après la destruction par un incendie criminel de son siège, fin 2011, suite à la publication de son numéro “Charia Hebdo”
L’attentat terroriste qui a décimé une bonne partie de la rédaction du magazine satirique le 7 janvier 2015 a provoqué un élan de solidarité exceptionnel de soutien à Charlie Hebdo, Libération a pris en charge l’hébergement de la rédaction pour la confection du premier numéro après l’attentat. On a parlé d’un tirage exceptionnel, et les chiffres ont vite fait de s’affoler, après le chiffre d’un tirage de 3 millions d’exemplaires, on parle aujourd’hui de 5 millions d’exemplaires (l’équivalent de 13 ans, en exemplaires vendus) et d’une traduction numérique en 16 langues.
Les abonnement sont passés de 10.000 à 120.000 abonnés, et on parle d’un cumul de recettes de plus de 10 millions d’euros, de quoi donner de nouvelles ambitions surdimensionnées au magazine Charlie Hebdo.
En définitive, les auteurs de l’attentat, voulant “punir” Charlie Hebdo, en ont fait un martyr et lui ont donné une espérance de vie que n’auraient pu imaginer l’équipe de Charb.
Imaginez ce que Charb, Cabu, Wolinski et Tignous auraient dit et dessiné aujourd’hui, en voyant ce qu’il leur arrive et à leur magazine.