Le président de la République, Béji Caid Essebsi, a souligné, mercredi, que la protection du processus démocratique en Tunisie commande de continuer de s’appuyer sur la logique et la légitimité du consensus national pour conforter la légitimité électorale.
“Caractéristique marquante de l’expérience tunisienne, c’est cette approche-là qui a épargné à notre pays les secousses et les tragédies”.
Dans un discours à la cérémonie officielle de célébration du 4e anniversaire de la Révolution de la liberté et de la dignité, tenue au Palais de Carthage, il a indiqué que l’expérience du dialogue national et la dynamique du consensus national sont à la base de l’exception tunisienne, rendant hommage aux initiateurs de l’expérience du dialogue national et aux partis politiques qui s’y sont impliqués.
Vaincre les facteurs de la peur…
Une fois mises en place, les institutions constitutionnelles de la Deuxième République, un travail harassant restera à entreprendre pour régler les problèmes qui furent à l’origine du déclenchement de la Révolution, l’objectif commun consistant à vaincre les facteurs de la peur et à se doter des attributs de la sécurité intégrale, a ajouté Caid Essebsi.
Le chef de l’Etat a fait remarquer à ce propos qu’au vu des expériences internationales comparées, les étapes de transition démocratique sont toujours fragiles, ce qui, a-t- il souligné, nécessite de consolider les institutions et les lois, adopter l’attitude idoine et surtout agir concrètement pour la protection de la presse libre et des instances de la société civile.
Craindre les faiseurs de conscience…
Pour le président de la République, “il n’y a rien à craindre pour la révolution si ce n’est de la part de ceux qui cherchent à se l’approprier et à s’ériger en tuteur des Tunisiens et de leur conscience”, soulignant l’impératif de prémunir le pays de la violence, du crime organisé et du terrorisme.
L’Etat, avec l’ensemble de ses rouages, fera tout pour prendre soin des “défenseurs de la patrie”, qu’il s’agisse de l’armée ou de l’appareil sécuritaire”, les soutenir dans la guerre qu’ils mènent en première ligne contre le terrorisme et leur en donner les moyens en termes de textes de loi protecteurs, d’équipements efficients et de mesures matérielles et sociales à la hauteur des risques auxquels ils sont exposés, eux et leurs familles, a encore déclaré Béji Caid Essebsi dans son discours.
Le président de la République a rappelé, à ce propos, “le lourd tribut payé par les institutions sécuritaires et militaires dans la guerre contre le terrorisme, elles qui ont perdu 70 de leurs héros, tombés au champ d’honneur et auxquels s’ajoutent quelque 200 blessés”.
Bannir le doute…
Il a estimé que la guerre contre le terrorisme “signifie aussi qu’il ne faut jamais transiger avec quiconque justifie ou encourage ceux qui le pratiquent, quitte à mobiliser tout le potentiel de l’Etat, faisant toutefois valoir que “l’issue de cette bataille ne sera garantie que si les forces de la nation cultivent la cohésion des rangs, le consensus et la solidarité”.
Il a, d’autre part, appelé le peuple à être “confiant en ses capacités et en l’avenir de son pays”, l’invitant à “cesser de douter de ses élites et des leaders d’opinion” car “le doute et la suspicion ne conduisent à rien de bon”.
La vérité sera faite sur les assassinats politiques…
Dans le passage de son discours consacré aux assassinats politiques qui avaient endeuillé le pays, Béji Caid Essebsi a réitéré son engagement à s’employer à ce que toute la vérité soit faite sur l’assassinat des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, se disant conforté en cela par le succès enregistré concernant l’identification des meurtriers de Lotfi Naguedh, “lynché par des organisations sanguinaires prétendument gardiennes de la Révolution”. “Je ne stigmatise personne mais il est de notre devoir de comprendre ce qui s’est passé”, a-t-il dit.
“La révolution de la liberté et de la dignité qui a gagné toutes les contrées du pays a été menée par des jeunes politiquement non encadrés, sans leadership, ne se réclamant d’aucune idéologie, ni religieuse ni politique, et, de surcroît sans connexions extérieures. Cette révolution a ouvert devant les Tunisiens et les Tunisiennes de nouvelles perspectives.
Elle leur a donné une vaste espérance et leur a permis de se distinguer à l’étranger. Elle a fait d’eux une exception pour la manière pacifique et civilisée dont ils ont conduit le processus de transition démocratique”, a-t-il ajouté.
330 jeunes tunisiens tombés en martyrs
Les Tunisiens, a-t-il enchaîné, ont payé un lourd tribut à la Révolution. Ils ont payé du sang de leurs enfants, en grande majorité des jeunes, d’avoir brisé leurs chaînes. Plus de 330 jeunes tunisiens tombés en martyrs et près de 4000 blessés sont venus s’ajouter à la longue liste de ceux qui, avant eux, avaient sacrifié pour la Tunisie leur vie et leur intégrité physique. “La révolution ne s’est pas arrêtée. Elle n’en finit pas de prendre de l’essor sous des formes diverses.
La révolution se retrouve dans le texte de la Constitution. La révolution c’est des institutions et programmes. C’est un parlement élu, une presse libre, une société civile dynamique. C’est aussi un président élu”, a-t-il ajouté.
Le chef de l’Etat a fait l’éloge de tous ceux qui ont apporté leurs concours au succès de la révolution, “succès qui n’aurait jamais pu se réaliser sans l’apport des gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution, sans l’administration tunisienne dévouée, la presse libre, la société civile, les grandes organisations nationales et sans ceux, nombreux, qui ont fait le choix de faire quelque chose pour servir la Tunisie dans des conditions si difficile, par amour pour le drapeau national”.
Le chef de l’Etat a, d’autre part, réaffirmé son soutien et son attachement à la justice transitionnelle en tant que moyen devant garantir que les erreurs passées ne puissent plus se reproduire, en dévoilant les abus commis, en rendant justice aux victimes et en demandant des comptes aux auteurs de violations pour aboutir ensuite à la réconciliation des composantes de la société.