Près de 61% des tunisiens achètent les médicaments directement après des pharmacies sans recourir au médecin, selon une enquête sur terrain réalisé en octobre 2014 par l’institut national de la consommation (INC).
L’enquête a concerné 2067 consommateurs sur tout le territoire de la République, selon un echantillon représentatif des caractéristiques sociales et de l’âge des enquêtés.
Le directeur de l’institut des études et des recherches, à l’INC, Tarek Ben Jazia a souligné, dans une interview, accordée à l’agence TAP, que ce phénomène connu sous le nom «l’auto-médication », est un comportement grave pour la santé du citoyen vu les risques pouvant être encourus en cas de mauvais diagnostic».
Achat des médicaments sur conseil du pharmacien
Près de 80% des enquêtés s’appuient, selon lui, sur les conseils du pharmacien lors de l’achat des médicaments, sachant que le rôle du pharmacien consiste à fournir le médicament et à procurer des directives sur ses caractéristiques et la méthode de son utilisation. L’enquête a révélé, en outre, qu’un consommateur sur quatre (25% de l’échantillon) téléphone au médecin pour acquérir les médicaments sur la base de ses directives sans effectuer une visite médicale.
Ben Jazia a fait savoir que 50% de l’échantillon recourent constamment sinon parfois « aux traitements traditionnels », à base de plantes et herbes médicinales connues pour leurs vertus thérapeutiques.
Coté dépenses, il ressort de l’enquête que 39% de l’échantillon dépensent moins de 20 dinars par mois pour l’acquisition des médicaments, alors que 31,7% des enquêtés y mettent en moyenne mensuelle entre 21 et 50 dinars, ce taux baisse à 14% pour ceux qui dépensent entre 51 et 100 dinars par mois.
Le responsable à l’INC a évoqué, dans ce cadre, que le recensement national sur les dépenses familiales réalisé en 2010 par l’Institut national de la statistique (INS), a fait ressortir que la moyenne annuelle des dépenses consacrées à l’achat des médicaments est estimé à 47,7 dinars.
Il a souligné, à cette occasion, la variation des dépenses destinées aux médicaments, selon le type des maladies chroniques, des enfants ou des personnes âgées. IL convient de rappeler que la consommation des médicaments en Tunisie a atteint, selon les statistiques de l’année 2014 fournies par le ministère de la santé publique, la valeur de 1440 MD dont 56% des médicaments sont importés, alors que la subvention consacrée aux médicaments est estimée à 100 MD.
Les enquêtés ont été unanimes à dire qu’ils n’acquièrent pas les médicaments fournis par le commerce parallèle. Et l’orateur de poursuivre que ce phénomène est rare en Tunisie vu l’existence de 2000 pharmacies réparties sur tout le territoire de la République et sachant que la pharmacie centrale gère l’opération d’importation et de distribution des médicaments.
En outre, il ressort de la même enquête sur terrain que 70% des enquêtés lisent les notices du médicament afin de prendre connaissance de la méthode d’utilisation, ce qui prouve, selon Ben Jazia, la conscience du consommateur tunisien et son attachement à l’usage convenable des médicaments pour éviter les complications.
L’enquête sur terrain a, également, démontré que 8 consommateurs sur 10 jettent les médicaments périmés, ce qui, a-t-il dit, dénote de la conscience du consommateur quant à cette question pour de ne pas utiliser les médicaments une seconde fois.
En effet, 50% des consommateurs ont souligné, dans le même contexte, qu’ils donnent toujours ou parfois les médicaments à des membres de leur famille, surtout s’ils souffrent des mêmes symptômes mais ne s’adressent pas au médecin.
Tarek Ben Jazia a appelé à la nécessité de mettre l’accent sur le rôle du pharmacien dans la présentation des caractéristiques des médicaments et les méthodes de leur utilisation, sans pour autant les prescrire, outre l’importance de s’adresser toujours à un médecin et d’éviter l’automédication.
En effet, a ajouté Ben Jazia, le médecin est le plus apte à dresser un diagnostic et présenter les prescriptions médicales. Il a enfin mis l’accent sur l’impératif de faire connaître davantage auprès des consommateurs les médicaments génériques, mettant en garde contre le danger de la consommation exagérée d’antibiotiques.