Tunisie élections : La géographie du vote

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La géographie du vote Marzouki épouse fidèlement la géographie du yousséfisme (à une exception près, la région de la capitale) et celle du fellaghisme. Et c’est tout sauf un hasard, Moncef Marzouki instrumentalise habillement le mépris que lui vouent les élites de la capitale et du sahel et renverse le stigmate pour apparaître comme un candidat antisystème. Sa campagne réactive les antagonismes géographiques et culturels, les appartenances primaires, les rancœurs ancestrales.

Le Sud contre le Nord. Les Bédouins contre les citadins. Le « peuple » contre l’élite décadente et occidentalisée des beaux quartiers de Tunis. Les communautés contre l’Etat. C’est tout le paradoxe de cette élection présidentielle, censée mettre un terme définitif à une transition chaotique et qui vire à la guerre de civilisation. Au lieu d’apaiser la société tunisienne, elle en exacerbe les divisions.

Béji Caïd Essebsi, s’il est élu, devra endosser les habits du rassembleur. Recoller les morceaux et réconcilier les Tunisiens. Il n’est pas dit qu’il y arrive. Mais c’est seulement à cette condition – la cohésion nationale – que son « Etat du XXIe siècle » aura une chance de tenir ses promesses.

Samy Ghorbal – Jeune Afrique n°2812