La Tunisie vient de franchir un grand pas dans sa transition vers la démocratie. Les élections législatives comme celles du premier tour des présidentielles se sont déroulées de manière transparente, libre, pluraliste et démocratique. Ceci est un acquis à inscrire à l’actif du peuple tunisien et à la vigilance de la société civile.
Les résultats des législatives ont montré que la division et l’émiettement des forces de gauche étaient une erreur. Même s’il faut se féliciter des résultats obtenus le 26 octobre par le FP et le 23 novembre par Hamma Hammami nous ne pouvons que regretter cette division et cet émiettement desquels chacun devra nécessairement tirer les enseignements indispensables pour construire la gauche dont le pays a grandement besoin.
Le premier tour étant passé et chacun ayant voté selon ses convictions nous voilà maintenant, avec le second tour, devant un autre choix à faire.
Dans quelques semaines les électeurs (trices) seront à nouveau appelé(e)s aux urnes pour désigner le futur Président de la République, ce qui constitue le dernier pas vers l’instauration d’une nouvelle République et surtout d’un Etat de droit que nous espérons au service de tous les Tunisien(ne)s.
Le rapport de force politique et surtout électoral au sein de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) nouvellement élue est clairement favorable aux forces conservatrices de droite qu’elles soient séculières ou islamistes. Ceci étant il faut se féliciter du recul des islamistes et de la débâcle de leurs alliés responsables de la situation désastreuse que connait actuellement le pays. Comme il faut se féliciter de l’échec cinglant des listes et des candidats de l’ancien régime tout autant rejetés par les électeurs.
Cependant et au vu des résultats du premier tour et surtout en raison des dérives dangereuses, de la violence fomentée et alimentées par les discours de haine et de division pouvant porter atteinte à l’unité et à la cohésion nationales, des militants et militantes démocrates et de gauche, acteurs de la société civile, vivants à l’étranger ont décidé d’appeler, lors du 2ème tour, à faire barrage au candidat de la haine et de la division. Ce candidat ainsi que ses principaux soutiens dans la campagne du premier tour (le CPR, Ennahda, les LPR pourtant dissoutes, ou encore la nébuleuse islamo-salafiste …) portent une lourde responsabilité dans cette dérive.
Nous considérons que la manipulation et la démagogie politiques pour gagner des élections sont des moyens odieux et condamnables dans une démocratie et à plus forte raison dans un pays qui entame de manière relativement pacifique sa transition vers la démocratie. Mais si à cette manipulation et cette démagogie s’ajoute l’incitation à la violence pouvant aller jusqu’à menacer la cohésion de la société alors nous disons qu’une ligne rouge a, à nouveau, été franchie et cela est inacceptable. Cela est d’autant plus inacceptable que le pays n’a pas fini de panser ses plaies : celles du terrorisme, qui continue de faire des victimes parmi les soldats et les forces de sécurité, tout comme celle des assassinats politiques qui ont eu lieu en 2012 et 2013 alors que la Troïka était au pouvoir. Le pays attend toujours que justice lui soit rendue et qu’elle le soit aux familles des martyrs Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, Lotfi Naguedh, Mohamed Belmefti et tous les autres.
Nous sommes des démocrates, nous sommes de gauche et nous espérons que les forces de progrès pourront jouer, dans un avenir proche, le rôle qui est le leur dans le pays et surtout ne pas laisser les conservateurs imposer leurs orientations libérales en matière économique et sociale. La gauche doit être capable, si elle s’en donne les moyens, si elle se rassemble et si elle en a la volonté politique, de proposer une alternative au pays pour les prochaines échéances électorales. La gauche unie doit préparer, des maintenant les prochaines élections régionales et municipales.
Pour ce faire et dans l’immédiat il faut agir, au sein de l’ARP (assemblée des représentants du peuple) comme en dehors, par la vigilance de la société civile, pour que les orientations démocratiques contenues dans la constitution se concrétisent notamment par la mise en place des institutions constitutionnelles qui pourront garantir les libertés et les droits des citoyen(ne)s.
Mais pour l’heure il y a une urgence. Il faut barrer la route au candidat de la haine et de la division qui a volontairement choisi de s’allier, pour sa campagne électorale, avec les pires groupements fascisants qui utilisent la violence pour arriver à leur fin mais il n’hésite pas, dans le même temps, à faire feu de tout bois pour retarder la poursuite normale du processus électoral.
Nous votons pour Béji Caid Essebsi, tout en sachant qu’il faudra demain défendre notre démocratie naissante contre les tentations régressives et se battre pied à pied pour une société plus juste, plus égalitaire et plus démocratique.
Le 06 décembre 2014
Premiers signataires :
– Hichem Abdessamad
– Mohsen Dridi
– Khaled Abichou
– Sophie Bessis
– Chérif Ferjani
– Claudette Ferjani
– Hedi Chenchabi
– Nacer Jalloul
– Houcine Bardi
– Fethi Tlili
– Hédi Ben Kraiem
– Mourad Allel
– Mrad Gadhoumi
– Anouar Kanzari
– Jamel Boussoffara
– Noureddine Baaboura
– Chadly Zaidi
– Samia Ammar
– Ahemd Nouisser
– Farouk Bensalah
– Habib Ouarda
– Najoua Agrebi
– Najet Mizouni
– Hafedh Affes
– Najoua Karrat
– Najet Miled
– Mohamed Smida
– Mohamed Mongi Abrougui
– Aida El Amri
– Annie Novelli
– Fathi Saadallah
– Chafik El Ghoul
– Hassan Salama – Italie
– Nasr Azaiez
– Asma Kouki
– Abderrazak Kitar
– Mohamed Abidi
– Latifa Sandid
– Naila Jrad
– Mehdi Elgaied – Canada
– Zeineb Guéhiss
– Ezzeddine Abichou
– Zeineb Essadam Ben Cheikh
– Mehdi Jendoubi
– Mohamed Mamoun Guiga
– Zeyneb Farhat
– Nabil Azouz
– Mouhieddine Cherbib