Tunisie : Montée de la violence verbale lors de la campagne électorale présidentielle

Le Pole Civil pour le Développement et les Droits de l’Homme (PCDDH) a souligné samedi que la violence verbale s’est accrue lors de la campagne électorale présidentielle et ce, par rapport à la campagne des élections législatives.

Lors d’un point de presse tenu à Tunis, Chedly Ouni, secrétaire général du PCDDH a indiqué que la violence verbale a été faite par les candidats à la présidentielle eux-mêmes ainsi que par les personnes chargées de leurs campagnes. « Des appels à la violence et des discours politiques offensifs ont été enregistrés soit lors des meetings dans les différentes régions, soit sur les plateaux de télévision ou les réseaux sociaux et ce, par les différentes parties », a- t-il précisé.

Il a ajouté que d’autres infractions ont été relevées lors de la campagne présidentielle comme l’arrachage des posters des candidats, l’affichage dans des endroits non réservés à cet effet, l’organisation de réunions ou de campagnes non autorisées et des appels au vote sur la base des appartenances régionales.

Ouni a aussi indiqué que selon une première estimation, en attendant les rapports des instances de contrôle, un écart a été constaté au niveau des moyens financiers mobilisés par les candidats ce qui influe sur l’égalité des chances.

« Des fonds très importants ont été investis par certains candidats lors de la campagne électorale pouvant dépasser largement le plafond de financement fixé par la loi », a-t-il estimé.

Le secrétaire général du PCDDH a aussi fait remarquer que le retrait de certains candidats de l’élection présidentielle est une perte d’énergie et de fonds publics surtout que plusieurs voix seront perdues parce qu’elles voteront pour ces candidats. Toutefois, il a fait observer que certains candidats ont annoncé leur retrait, mais ils ont continué leur campagne.

Concernant la présence dans les médias, Ouni a signalé que les observateurs du PCDDH ont constaté une inégalité des chances entre les candidats, ajoutant que presque la majorité des médias essentiellement audiovisuels ont contribué au renforcement de la bipolarisation, empêchant l’électeur de connaître tous les candidats de la même manière.

S’agissant des préparatifs du PCDDH pour le jour du scrutin (23 novembre 2014), Faouzi Ben Helal, porte-parole officiel du PCDDH a indiqué que le nombre des observateurs accrédités du Pole a augmenté d’environ mille personnes par rapport aux élections législatives atteignant les 3456 contre 2496 aux législatives dont la majorité sont des jeunes.

« Le PCDDH compte atteindre un taux de couverture de 95% des centres et bureaux vote contre 93% lors des législatives », a-t-il indiqué, faisant remarquer que l’observation des élections le jour du scrutin sera effectuée à l’intérieur et à l’extérieur des centres de vote.

En effet, a-t-il justifié, lors des législatives d’importantes infractions visant à influencer les votants ont été enregistrées en dehors des centres.

Il a, en outre, fait savoir que le Pole a mis en place une programmation baptisée « Soft Elect » lui permettant de suivre instantanément l’évolution du scrutin et de connaître les différentes infractions, le taux de participation et les résultats du vote.

Pour sa part, Fathi Ben Maamar, président du PCDDH a appelé tous les Tunisiens à participer massivement à l’élection présidentielle, louant les efforts de l’Instance supérieure indépendante pour les élections, de la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle, de l’armée nationale, de toutes les unités de sécurité et des différentes forces de la société civile qui veillent à la garantie du bon déroulement de cette « fête électorale ».

Il a, par ailleurs, ajouté que le PCDDH appelle les élus du peuple à examiner les moyens de renforcer le rôle des instances de régulation comme la HAICA ainsi que l’ISIE en les dotant de prérogatives leur permettant de prendre des mesures immédiates et répressives pour stopper les infractions électorales et ce, avant l’organisation des prochaines élections. Créé en novembre 2013, le PCDDH est un réseau d’une centaine d’associations actives dans différentes régions du pays.