Tunisie élections 2014 : Pour un rapprochement Nidaa Tounès-Front populaire

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Le Front populaire, qui vient d’engranger 15 précieux sièges au Parlement avec en prime la possibilité de former un groupe parlementaire influent, est, désormais, à la croisée des chemins. Il lui appartient, aujourd’hui, de choisir entre deux scénarios. Le premier consiste à continuer son rôle d’«éternel contestataire», à se refermer sur son idéologie élitiste et, partant, à accélérer son suicide politique. Le second scénario serait, au contraire, de rompre avec cette tendance anachronique stérile, de faire des concessions et d’accepter une alliance avec le parti majoritaire au Parlement, en l’occurrence Nidaa Tounès.

Une telle alliance, en apparence de contre-nature au niveau idéologique, est, toutefois, nécessaire et hautement stratégique au plan politique en ce sens où elle sert, avant tout, la stabilité du pays lequel demeure, en dépit des résultats positifs des législatives, fragile et encore sous la menace du terrorisme et des cellules dormantes des «fréristes daechistes». Ne l’oublions surtout pas.

L’objectif est de dégager un consensus minimal entre les deux familles politiques et de s’entendre sur un nouveau modèle de développement du pays, réalisable sur plusieurs décennies. A cette fin, il serait souhaitable de s’inspirer de la coalition qui gouverne actuellement l’Allemagne, en l’occurrence le couple formé de la CDU (Union chrétienne-démocrate, parti conservateur) et le SPD (Parti social-démocrate, parti de gauche).

S’entendre sur des programmes communs

Car de nos jours, ce ne sont pas les idéologies qui gouvernent le monde mais des forces politiques de gauche et de droite qui s’entendent sur un programme socio-économique commun qui engage le pays pour une longue période. Pour le cas de la Tunisie, ce qui importe le plus c’est l’unité nationale et sa pérennité.

Par-delà ces exigences de toute coalition moderne, ce rapprochement entre les deux mouvements politiques n’est pas, du reste, nouveau. Les deux partis ont eu à cogérer et à encadrer, dans le cadre du Front du salut national, avec les autres composantes du camp démocratique, l’historique “sit-in du départ“ à la place du Bardo. Ce sit-in a constitué un tournant historique dans l’éviction du gouvernement nahdhaoui d’Ali Larayedh et auquel les Tunisiens doivent des avancées majeures sur la voie de l’édifice démocratique dans le pays: adoption d’une Constitution consensuelle new look, mise en place des instances régulatrices, formation d’un gouvernement de technocrates, organisation des législatives ….

 «Même référentiel politique»!

Mieux, les deux partis, Nidaa Tounès et le Front populaire, ont un point commun. Ils se réclament, en dépit de leurs divergences apparentes, d’un même référentiel politique: la laïcité bourguibienne. Est-il besoin de rappeler que le militant feu Noureddine Ben Kheder, symbole de la lutte glorieuse de la gauche tunisienne, aimait qualifier d’«enfants illégitimes de Bourguiba» les hommes de gauche de Tunisie?

Le seul domaine où leurs divergences sont nettes et claires, c’est bien le programme économique. Cependant, un regard d’ensemble sur le programme économique de Nidaa Tounès -qui prévoit la coexistence des trois secteurs, public-coopératif-privé, révèle que le Front populaire peut y trouver matière pour intégrer le gouvernement, appliquer ses idées et développer sa propre expertise gouvernementale.

Cela pour dire que tout projet d’alliance-coexistence entre Nidaa Tounès et le Front populaire ne peut que rejaillir positivement sur la stabilité du pays et sur la réalisation des objectifs de la révolution: droit au travail, équilibre régional, dignité et équité des chances.

Tout autre projet d’alliance nous fera encourir le risque d’autres rapprochements dangereux dont une éventuelle coalition Nidaa Tounès-Ennahdha ou Nidaa Tounès-UPL -de l’homme d’affaires controversé Slim Riahi. On l’aura dit.

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