“La littérature en Tunisie évolue résolument depuis la révolution”, car le monde littéraire fait face à des bouleversements majeurs créés par deux principaux facteurs à savoir les changements politico-sociaux et la vague des nouvelles technologies, estime l’académicien libanais Sobhi Boustani.
La “Révolution” politico-sociale en Tunisie a généré des oeuvres littéraires. C’est le constat qui s’est dégagé du débat littéraire intitulé “Littérature tunisienne et révolution”, organisé jeudi matin, au Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (Credif).
Dans son intervention intitulée “Quelques réflexions au sujet de la littérature tunisienne depuis 2001″, Sobhi Boustani, directeur du CERMOM à l’INALCO (Institut national des langues et des civilisations orientales) à Paris a fait observer qu'”on ne conçoit pas la littérature en dehors de son contexte social”.
Pour l’universitaire, Kmar Bendana “la production littéraire tunisienne s’est notamment intensifiée ces trois dernières années” ce qui a contribué à “l’épanouissement” du marché du livre et de tous les intervenants dans la chaine d’édition.
Cet avis a été soutenu par l’académicienne Ophélie Arrouès qui voit en “la littérature, un reflet de la société” mais “avec des regards différents”.
Lors de cette journée, un ouvrage en cours d’impression a été présenté. “100 ans de littérature tunisienne”, co-écrit par les deux universitaires Samia Kassab Charfi et Akadel Khedhr, cite 200 auteurs dont une trentaine de francophones.
Le livre s’articule autour de cinq genres littéraire; poésie, roman, théâtre, essai et nouvelle. Les deux auteurs posent les liens entre littérature et révolution et parlent d’un problème “esthétique” car tout ce qui est édité n’est pas vraiment oeuvre littéraire.
Mais “la littérature suit les mutations profondes qui se produisent dans l’espace public”, précise Kheder faisant observer que “les textes de la révolution ont cassé les structures narratives classiques” ce qui a conduit à “une révolution de la littérature”.
“Fragments de révolution”, livre issu d’un blog collectif sur les trois ans qui ont suivi la révolution a été présenté par l’initiateur du blog, Ridha Sifaoui et Chiran Ben Abderazek qui l’a aidé dans la conception de cet ouvrage. C’est “l’architecte du livre”, comme il se présente.
“J’écris pour comprendre, pour exister, pour résister, pour utiliser cette dématérialisation de l’espace (internet) afin de conserver mes idées”, lance le franco- tunisien, de formation en ingénierie. “On devient une sorte d’animateur au sein d’une communauté (web)”.
Avec ce genre de livres, la chaîne habituelle de publication est en cours de subir des changements au point de vue contenu et forme. Selon Sifaoui, “le régime du narrateur unique cède la place à un narrateur à plusieurs voix” composées de la communauté des lecteurs.
Organisée par l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC), le Credif avec l’appui du CERMOM (Centre de recherches Moyen Orient Méditerrannée) et le Centre national de recherche scientifique (CNRS Paris), avec la coordination scientifique des académiciennes Ophélie Arrouès Ben Selma et Kmar Bendana, cette journée se tient en guise de préparatifs pour un colloque sur la même thématique, prévu en 2015.