Tunisie législatives 2014 : Les enjeux des élections, selon L’Express

Les journaux étrangers analysent les enjeux des élections législatives de ce dimanche 26 octobre 2014. Ainsi, le magazine français lespress.fr titre “Tunisie: les clés des premières élections législatives libres“, rappelant que 5,2 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire 217 députés dans 33 circonscriptions, un mois avant la présidentielle, le 23 novembre“.Selon Catherine Gouët, “le parti islamiste Ennahdha, déjà vainqueur des élections pour l’Assemblée constituante (ANC) en novembre 2011 avec 90 des 217 sièges, part en position de force. En face, l’opposition est moins émiettée qu’il y a trois ans. Le parti Nidaa Tounès, fondé autour de Béji Caïd Essebsi, un vétéran de 87 ans qui a servi sous tous les régimes de la Tunisie indépendante, devrait attirer une large partie des opposants au parti islamiste. Même si la récente montée en puissance d’anciens de la nomenklatura du régime déchu de Zine El Abidine Ben Ali au sein de son appareil inquiète“.

En quatre intertitres, l’article résume l’enjeu essentiel de ces élections:

Ennahda contre Nidaa Tounes“ – «…Les deux grandes formations rivales seront confrontées à une kyrielle d’autres listes représentant aussi bien d’ex-responsables “benalistes” que des concurrents séculiers de Nidaa Tounès, l’extrême gauche ou d’autres formations islamistes», le site électronique du magazine.

Profusion de listes“ – «… La campagne a été plutôt atone, une partie de la classe politique et des médias se focalisant plus sur la présidentielle que sur les législatives, alors même que la Tunisie s’est dotée d’un système parlementaire». Pour étayer ce constat, le journal interroge Larbi Chouikha, universitaire tunisien qui nuance cependant en disant : “Je ne parlerais pas d’apathie mais plutôt d’un sentiment de confusion. Le code électoral a été mal ficelé”. Il a permis la création de trois types de listes : des listes de partis, de coalitions, mais aussi d’indépendants. “Ces dernières sont à l’origine de la prolifération de candidatures, avec 1.327 listes dont certaines sont folkloriques ou populistes. Cela crée un sentiment de saturation et les débats de fond ne sont pas suffisamment abordés”, regrette le politologue».

Retour au calme“ – «…Si la Tunisie échappe au désordre qui frappe d’autres pays passés par les soulèvements du “Printemps arabe”, elle a frôlé l’instabilité. Cela a notamment été le cas en 2013, année marquée par l’essor de groupes djihadistes armés et les assassinats de deux dirigeants de gauche, un blocage politique et la suspension des travaux de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Larbi Chouikha met en cause le premier gouvernement du parti islamiste Ennahdha qui a “agité l’épouvantail identitaire. Cela a créé une forte polarisation du pays, entre les tenants d’une identité fermée et ceux d’une identité plus ouverte…».

 

Tourner la page“ – Selon Larbi Chouikha, «… Les deux principaux défis de la Tunisie aujourd’hui sont le redressement de l’économie et la sécurité, les deux étant intimement liés… Il faut maintenant tourner la page, sauver la transition, plaide Larbi Chouikha. La paralysie politique serait source de tous les dangers. Il est temps que les Tunisiens renouent avec la confiance dans l’Etat, quitte à en passer par un gouvernement d’Union nationale».

Donc il ne reste plus qu’à attendre les résultats, même partiels, pour voir si les Tunisiens ont réellement tourné la page. Mais quel qu’il en soi, jamais rien ne sera plus comme avant. C’est évident.