Le programme économique de l’union patriotique libre (UPL) a décliné un programme d’investissement par gouvernorat s’étendant sur la période 2015-2019″ en prévision des élections législatives du 26 octobre 2014″, lequel programme ne repose pas, cependant, sur un diagnostic “viable et profond”, selon l’expert économique Moez Joudi.
Le parti d’obédience libéral appelant, néanmoins, à préserver le rôle régulateur de l’Etat, a constitué un indicateur de développement pour chaque région après avoir examiné les besoins de développement des 24 gouvernorats et relevé les taux de chômage, de pauvreté et de scolarisation y prévalant, a affirmé le coordinateur du programme économique de l’UPL Mohsen Hassen.
L’objectif ultime est de créer des économies locales dans les régions de l’intérieur via les investissements”, a précisé Hassen dans une déclaration à TAP. Les investissements alloués aux différentes régions s’inscrivent dans le cadre du nouveau modèle de développement préconisé par le parti.
Ce modèle est axé sur l’investissement à fortes valeur ajoutée, intensité technologique et employabilité afin de réduire le taux de chômage de 15,1% à 9% en 2019 et celui des diplômés du supérieur de 33%, à l’heure actuelle, à 12% fin 2019, selon l’orateur.
L’UPL se propose, par ailleurs, de hisser le taux d’investissement de 21% du PIB, actuellement, à 28% en 2019 et de réaliser un taux de croissance annuel moyen de 7% permettant la création de 660 mille emplois durant les cinq prochaines années, La réalisation de ces objectifs est, toutefois, conditionnée par un retour à la sécurité, la culture du travail, l’assainissement de l’environnement des affaires, la lutte contre la corruption et une meilleure visibilité, a-t-il souligné.
Pacte national pour le décollage technologique et l’émergence industrielle
L’UPL propose donc “le pacte national pour le décollage technologique et l’émergence industrielle” dans le cadre duquel le parti injectera 58 milliards de dinars pour la création de 422 mille emplois dans les différents gouvernorats sur les 660 mille que le parti compte créer à l’échelle nationale, l’objectif étant de réaliser un développement inclusif.
Selon Mohsen Hassen cette somme proviendra essentiellement du budget de l’Etat (10 milliards de dinars), du secteur bancaire après sa réforme (5 milliards de dinars), des fonds d’investissements et de capital risque (6 milliards de dinars), des sukuks islamiques (10 milliards de dinars), des IDE (20 milliards de dollars) et des institutions financières internationales (5 milliards de dinars). De son côté, la caisse des dépôts et consignations (CDC) “jouera un rôle central” dans la mobilisation des fonds et en tant que responsable de la réalisation des projets, a-t-il ajouté.
En plus des mécanismes précités le partenariat public privé (PPP) constitue, également, l’axe central de ce programme afin de maîtriser l’endettement de l’Etat évalué à 51% du PIB.
Pour rappel, l’UPL avait remporté un siège à l’Assemblée Nationale Constituante (ANC), lors des élections législatives de 2011, et s’est vu reprocher la non réalisation de projets qu’il avait promis dans certaines régions du pays.
Dans une lecture du financement du programme d’investissement par gouvernorat de l’UPL Moez Joudi, a affirmé que l’investissement constitue bien un moteur de la croissance. Toutefois, la somme de 58 milliards de dinars, dédiée à ce programme n’est pas très “fiable”, a déclaré l’expert à TAP.
Ainsi et, à titre d’exemple, pour ce qui est des sukuks islamiques, “les anciens gouvernements n’ont pu attirer cet outil de financement du budget de l’Etat car il y a lieu, avant tout, de rassurer les pourvoyeurs de ces sukuks et participants à l’investissement public, auxquels il faut présenter des projets prometteurs”, d’autant que le climat des affaires en Tunisie (confiance, infrastructure, transparence, prestations administratives, sécurité…) s’est détérioré.
Il est, en outre, nécessaire de mettre en place un cadre juridique adapté aux sukuks islamiques, a-t-il ajouté. L’expert a encore indiqué que l’ensemble des programmes économiques des partis politiques donnent des taux de croissance et d’emplois “utopiques” pour les années 2017, 2018 et 2019, car “de profondes réformes doivent être engagées, de la réussite desquelles il s’agit de s’assurer avant d’établir des évaluations”.
Selon Joudi, “les partis semblent déconnectés de la situation du pays qui vit sous perfusion” et ne parlent pas du court terme (CT), soit les 100 premiers jours, lors desquels, ils feront face à maints difficultés (inflation galopante, déficits budgétaire et commercial, endettement…), une fois au pouvoir.