L’Association tunisienne pour l’intégrité et la démocratie des élections (ATIDE) a pointé du doigt, samedi, des “dysfonctionnements” au niveau des préparatifs des élections législatives à l’étranger, “à moins d’une semaine du jour du scrutin”, et en fait porter la responsabilité à l’Instance supérieure indépendante pour les élections.
L’ISIE a répliqué en mettant en garde contre “la gravité de proférer des accusations gratuites”.
Dans une déclaration à l’agence TAP, le président d’ATIDE, Moez Bouraoui, a indiqué avoir adressé des courriers à l’ISIE pour l’alerter à propos des dysfonctionnements en question qui, selon lui, se rapportent principalement à l’absence de neutralité de certains présidents d’instances régionales des élections, dont celles d’Allemagne, d’Italie et de France 1.
Il a fait état, également, de changements de localisation de bureaux de vote à l’étranger et d’absence d’annonce des adresses des bureaux de vote.
Le président d’ATIDE s’interroge, par ailleurs, sur les raisons pour lesquelles l’ISIE maintient son choix de faire voter les électeurs de la circonscription de l’Allemagne dans les locaux diplomatique et consulaires tunisiens (Ambassade, consulats et centre social), malgré l’accord donné par les autorités allemandes pour l’organisation du vote sur leur territoire, “ce qui aurait facilité les choses pour les électeurs”, dit-il. Côté ISIE, le discours est tout l’inverse de celui d’ATIDE.
Faouzia Dridi, membre du conseil de l’instance, a admis que l’instance rencontre des difficultés dans la préparation des élections à l’étranger. Mais, elle a relativisé en s’empressant d’ajouter en substance: “Nous sommes en train de tenir des élections sous la souveraineté des pays d’accréditation et donc bien obligés de nous soumettre à leur volonté”.
A l’accusation faite à certains présidents d’instances régionales des élections à l’étranger de manquer de neutralité, Dridi a appelé à “cesser de lancer les accusations à tort et à travers”, à quelques jours du scrutin. Elle a lancé, dans une déclaration à l’agence TAP: “L’instance tient à la neutralité et à l’indépendance.
Quiconque détiendrait des justificatifs de preuves aurait dû se manifester depuis mai dernier, date de l’ouverture du dépôt de réserves pour récuser les présidents des instances régionales”. Concernant les bureaux de vote, Dridi a indiqué que le conseil de l’ISIE avait retenu deux conditions principales à remplir pour l’installation de bureaux de vote à l’étranger, à savoir un quota minimum de 50 électeurs inscrits et l’existence d’une représentation diplomatique tunisienne dans le pays d’accréditation.
Tout en sachant, a-t-elle ajouté, que certains pays d’accréditation sont revenus sur leur promesse d’autoriser la tenue des élections sur leur territoire, entre autres pour des considérations sécuritaires et logistiques, “ce qui a retardé l’annonce des adresses des bureaux de vote”. Toujours selon Faouzia Dridi, le problème qui se pose dans le cas de la circonscription de l’Allemagne est avant tout un problème juridique.
En effet, a-t-elle expliqué, la loi électorale actuelle ne permet pas de tenir les élections avec un fichier valable pour plusieurs bureaux de vote à la fois comme ce fut le cas lors des élections de 2011.
L’Instance des élections, rappelle-t-on, avait limogé la présidente de l’IRIE des Amériques et du reste des pays d’Europe “pour absence de neutralité et d’indépendance” et “pour avoir commis des fautes professionnelles”.
La même mesure avait frappé le président de l’IRIE de France 2 “pour manquement à l’obligation de réserve” et pour avoir participé à une réunion de parti.
Compte tenu des fuseaux horaires, les élections débuteront jeudi prochain en Australie, et vendredi dans les autres circonscriptions à l’étranger. Les électeurs tunisiens à l’étranger sont au nombre de 359.530, pour un total de 386 bureaux de vote et 308 centres électoraux.