Une conférence-débat organisée samedi à Tunis à l’initiative du Forum pour une nouvelle République (Nou-R) a vu la participation de sept partis politiques candidats aux élections du 26 octobre 2014.
Ils y ont présenté leurs propositions concernant les mesures urgentes devant être prises par le gouvernement lors de ses 100 premiers jours au pouvoir.
Il s’agit de l’Union pour la Tunisie (UPT), le Congrès pour la République (CPR), Ettakatol, le Front populaire, le Courant démocrate (Attayar), Afek Tounes et le parti Républicain (Al Joumhouri). Les représentants des partis ont souligné à l’unanimité la nécessité de regagner la confiance du citoyen, d’unir les Tunisiens et surtout de rétablir la sécurité notamment à travers la lutte contre le terrorisme.
Ils ont mis l’accent sur l’importance d’engager des réformes urgentes sur les plans sécuritaire, administratif, financier, social et éducatif. La décentralisation de l’administration, la réforme de la fiscalité, l’impulsion de l’investissement, l’amélioration des conditions de vie des citoyens et de leur pouvoir d’achat, la lutte contre le commerce parallèle et la contrebande, le développement régional, sont autant de thèmes évoqués en tant que priorités pour le prochain gouvernement.
Intervenant à cette occasion, Mamia El Banna (Ettakatol), a souligné que son parti considère la réforme de l’administration, l’amendement et l’adoption du code des investissements, l’institutionnalisation du conseil de sécurité, la création d’une agence de renseignement, la mise en place d’un nouveau code de fiscalité et l’application de la stratégie de lutte contre la corruption comme étant les principales mesures qui doivent être prises durant les 100 premiers jours du prochain gouvernement. El Banna a, en outre, souligné l’importance de créer un consensus autour du programme du gouvernement attendu.
Pour l’Union pour la Tunisie (UPT), Anouar Ben Naoua d’El Massar a cité l’amélioration de la qualité de vie à travers la lutte contre la pauvreté, l’amélioration des conditions de vie du citoyen et de son pouvoir d’achat, le parachèvement de la mise en place des institutions républicaines, la réforme de l’éducation et de l’administration et la décentralisation de l’administration comme principales priorités du prochain gouvernement.
Il a également mis l’accent sur la nécessité de rétablir la confiance entre le gouvernement, d’une part, et les citoyens, les acteurs économiques et les partenaires de la Tunisie, d’autre part.
De son côté, Hichem Ben Fadhl, (Afek Tounes) a évoqué la nécessité de rétablir la confiance des citoyens et des investisseurs outre le redressement de l’économie, l’augmentation des recettes de l’Etat, la garantie des équilibres budgétaires, la sécurité et l’amélioration du pouvoir d’achat du citoyen ainsi que le renforcement des relations extérieures. Ben Fadhl a aussi souligné l’importance de garantir un consensus avec les partenaires sociaux autour des priorités du gouvernement.
Pour sa part, Anis Jaziri, (CPR) a énuméré les priorités de son parti qui prône le rétablissement de la confiance des citoyens et des investisseurs, la lutte contre le terrorisme, la garantie de la sécurité, le rétablissement de l’autorité de l’Etat, l’application de la loi, la promotion des équilibres financiers, la réduction de l’importation et l’incitation à l’exportation, la relance des activités de la Compagnie des Phosphates de Gafsa, la lutte contre la corruption, la réforme du système foncier et la préparation de la saison touristique 2015. Jaziri a, en outre, indiqué que le CPR plaidera en faveur de l’organisation des élections municipales avant juin 2015.
Par ailleurs, Walid Balti, (Courant démocrate ) a fait savoir que son parti considère la lutte contre le terrorisme et la garantie de la sécurité comme étant les principales priorités du prochain gouvernement. Dans ce contexte, il a souligné la nécessité d’interdire le financement des groupes terroristes, de réviser les prérogatives du secrétaire général du gouvernement notamment au niveau de la dissolution des associations, la création d’une agence de sécurité nationale et l’introduction du thème du terrorisme dans le programme de formation des agents de sécurité outre le renforcement de la sécurité notamment au niveau des frontières. Balti a aussi signalé l’importance de garantir une Trêve sociale et d’introduire de nouvelles mesures fiscales dans le projet de loi des finances de 2015.
De son côté, Taïeb Houidi (Al Joumhouri) a relevé que son parti estime que le prochain gouvernement devrait être composé de 25 ministres et secrétaires d’Etat ayant chacun une feuille de route et des missions précises. Pour ce qui est des priorités d’Al Joumhouri, Houidi a souligné l’urgence de mettre en œuvre une politique offensive pour l’emploi, lutter contre la fraude et la corruption, créer des agences de développement et de compétitivité dans différentes régions du pays, introduire de nouvelles mesures fiscales basées sur le renforcement de la productivité, élargir l’assiette fiscale, réaliser un audit des comptes publics, réviser le décret relatif aux marchés publics, augmenter les salaires, relever l’âge de la retraite à 62 ans, engager la réforme de la caisse de compensation, réformer le système bancaire, réaménager le système de la santé publique et préparer la rentrée scolaire 2015-2016 pour une séance unique de 8h00 jusqu’à 16h00 avec une pause déjeuner.
Représentant le Front populaire, Mohamed Habib Karray a souligné que son parti propose de mettre en place une feuille de route claire pour transformer le provisoire en permanent, responsabiliser les hauts cadres sécuritaires, protéger l’économie national et limiter l’importation, encourager l’industrie nationale, en plus du lancement de projets structurants et la promotion du tourisme tunisien.
Karray a fait remarquer que le Front Populaire ne compte pas s’allier ni faire partie d’un gouvernement composé de symboles de l’ancien régime ou du mouvement Ennahdha.
Des chercheurs, des journalistes, des universitaires et des représentants de la société civile ayant assisté à la conférence ont estimé que les priorités et les programmes des partis candidats aux prochaines élections ne sont pas très réalistes et concrets.
Ils ont souligné l’importance de prendre connaissance des attentes et des aspirations des Tunisiens pour mettre en place des programmes réels et plus efficaces.
Pour Maher Kallel, président de Nou-R, l’expérience a montré que les premiers jours du gouvernement ne sont pas toujours fructueux dès lors que les priorités ne sont pas fixées à l’avance alors que c’est durant cette période que les Tunisiens se font leurs propres opinions sur les différents ministres.
Dans ce contexte, il a mis l’accent sur la nécessité de réfléchir aux premières actions et réformes à entreprendre. Créée le 15 janvier 2011, Nou-R est une association qui s’engage à contribuer à la construction d’une démocratie dynamique et tolérante en Tunisie.