Le rapport “violences à l’égard des femmes dans le contexte des transformations politiques et de la crise économique dans la région euro- méditerranéenne : tendances et recommandations en vue de l’égalité et la justice”, publié récemment par le Réseau euro- méditerranéen des droits de l’homme (REMDH), indique que les estimations nationales actuelles montrent une recrudescence de la violence domestique contre les femmes, y compris de la violence sexuelle. Se référant aux statistiques fournies par la police judiciaire tunisienne, le rapport révèle que 46 femmes auraient été tuées sur 7861 femmes agressées au cours des dix premiers mois de 2013.
Au cours de la même période de 2012, 34 femmes avaient été tuées sur 7372 femmes agressées. 90% des agressions sont commises au sein de la famille par le partenaire des victimes. Le rapport ajoute que la traite des femmes constitue une autre source d’inquiétude. Il indique que selon l’étude récente réalisée par l’organisation internationale pour les migrations (OIM), la Tunisie est un pays source, de destination et de transit pour les femmes soumises au travail forcé et au trafic sexuel.
“Des Tunisiennes censées rejoindre le Liban pour travailler se trouvent, une fois arrivées, forcées à la prostitution”, révèle la même source qui ajoute que certaines Tunisiennes qui travaillent dans des boîtes de nuit jordaniennes sont victimes de prostitution forcée. En outre, le rapport considère que les cas de harcèlement et les menaces de meurtre contre les militants des droits des femmes sont plus que préoccupants. Toutefois, le REMDH estime que la nouvelle constitution tunisienne votée en janvier 2014 est porteuse d’espoir.
“Elle est l’une des plus avancées, principalement en matière de libertés individuelles, de tous les pays du sud et de l’est de la méditerranée en pleine transition politique”, note le rapport qui souligne que la nouvelle constitution consacre l’égalité en droit et en devoir entre les citoyens et les citoyennes ainsi que l’égalité devant la loi des femmes et des hommes. P
ar ailleurs, les statistiques du centre d’écoute et d’orientation des femmes victimes de violence (CEOFVV), relevant de l’association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) montrent que les violences conjugales et sexuelles en période de transition ont atteint près de 70%.
Ainsi, entre septembre 2013 et février 2014, sur un total de 144 femmes victimes de violence, 95 ont subi une forme de violence conjugale. 46 d’entre elles sont sans travail et 72 sont âgées entre 30 et 60 ans. 7 femmes disent avoir été victimes de violence politique et 11 ont subi une violence économique.
L’ATFD indique que seuls 10 à 30% des cas de violence conjugale sont dénoncés.