Les participants à une Conférence régionale sur l’abolition de la peine de mort, ouverte vendredi à Tunis, ont été unanimes à souligner que l’abolition de la peine de mort est « une décision politique par excellence ».
Ils ont mis l’accent sur le rapport entre la suppression de cette sentence qui prive du droit à la vie et la démocratisation des sociétés arabes.
Au cours d’une conférence de presse, organisée à cette occasion, le président de la Coalition contre la peine de mort, Habib Marsit, a estimé que ce mouvement, actif en Tunisie depuis plus de trente ans, reste « élitiste » et « confinée dans les grandes villes».
Il a appelé à unir les efforts pour faire pression sur les autorités et les persuader de la nécessité d’abolir cette peine et d’inciter la société civile à adhérer en masse à ce processus de lutte contre la peine capitale. Il a formulé l’espoir de voir cette peine abolie avec l’instauration de la deuxième République.
Marsit a, dans ce sens, relevé le rôle qu’aura à assumer le prochain parlement dans ce sens, notant que ni la Présidence de la République, ni les gouvernements d’après-révolution, ni l’Assemblée constituante n’ont pu trancher cette question.
Il a regretté l’attitude négative des présidents de la République et de la Constituante qui, selon lui, n’ont pas mis à contribution leur passé en tant qu’activites des droits de l’Homme, ni tenté de faire pression sur les députés de leurs blocs respectifs pour voter en faveur de l’abolition de la peine de mort dans la nouvelle Constitution.
Pour sa part, Raphael Chenuil-Hazan, Directeur général de l’Association « Ensemble contre la peine de mort », active dans la région MENA, a estimé que le fait de n’avoir pas appliqué cette peine en Tunisie depuis plus de 20 ans pousse à l’optimisme et traduit une réelle volonté de supprimer cette sentence.
Il a fait observer que la forte présence, aujourd’hui, de plusieurs députés et de représentants de la société civile de Tunisie et de l’étranger à ces assises démontre un réel engagement à soutenir la demande d’abolition présentée par l’Association.
Il a rappelé que cette sentence a été annulée en Djibouti, au Sénégal, en Turquie et en Albanie, appelant à faire pression sur les décideurs politiques et à sensibiliser l’opinion publique et les médias à cette question. La Coalition tunisienne contre la peine de mort a été créée le 14 juin 2007 au terme du 3è Congrès mondial organisé à Paris par l’Association « Ensemble contre la peine de mort ».
La coalition rassemble 13 associations dont la section Tunisie d’Amnesty International, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme, l’Institut arabe des Droits de l’Homme, l’Organisation tunisienne de lutte contre la torture et le Conseil national des Libertés en Tunisie.