Tunisie – Elections 2014 : Quand l’opposition roule pour Ennahdha

«D’une poussière d’individus, d’un magma de tribus, de sous-tribus, tous courbés sous le joug de la résignation et du fatalisme, j’ai fait un peuple de citoyens», avait déclaré le président Bourguiba dans l’un de ses mémorables discours.

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Citoyens, peut-être pas tout à fait, et c’est ce qui explique l’absence de tradition et de culture démocratique en Tunisie. C’est ce qui explique la naissance d’une opposition brimée quand «le guide suprême», despote éclairé, gouvernait.

Une opposition récupérée par un Ben Ali, dictateur tout court! Une opposition professionnelle sans alternatives, sans propositions constructives et surtout sans aucune vision pour le pays.

Une opposition impuissante à tel point qu’elle a dû recourir au quartet pour une sortie honorable de la crise gouvernementale qui a commencé avec Hamadi Jebali, Premier ministre de la Troïka, et s’est terminée avec Ali Larayedh, nahdhaoui et défenseur féroce du parti islamiste et des valeurs des Ikhouans.

Le drame de la Tunisie a été que Bourguiba, malade, affaibli et courtisé à outrance, doublé d’une mégalomanie, n’a pas achevé son œuvre en faisant des Tunisiens, instruits et cultivés, de véritables citoyens dont l’appartenance à une nation et l’allégeance à la patrie ne souffrent pas de doute et priment sur les égos et les ambitions folles et démesurées.

Du temps de Bourguiba, les Tunisiens se faisaient valoir par leurs diplômes universitaires et la qualité de leur éducation. Du temps de Ben Ali, c’est le début de la descente aux enfers, car les conseillers d’un président bien renseigné mais pas cultivé lui ont recommandé de «dé-cultiver, et dés-instruire» le peuple. C’est plus facile de gouverner un peuple d’ignares qu’un peuple éduqué. Il sera ainsi dans l’incapacité d’être critique et encore moins dans une logique revendicatrice.

Les valeurs de Ben Ali étaient celles des apparences, des affairistes, des contrebandiers et des corrompus. Il a toutefois préservé l’Etat en asservissant les compétences et en suscitant les appétences. Ben Ali, en homme rôdé aux outils du renseignement, a corrompu des centaines si ce n’est des milliers de personnes, opposition comprise. En témoignent les listes des informateurs et informatrices dont les noms au ministère de l’Intérieur ont disparu comme par enchantement après le passage d’une grande opposante et d’un ministre partisan.

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