“Les Tourmentes”, un film de la Wallonie-Bruxelles, a été projeté, mardi soir, en présence de son réalisateur Pierre-Yves Vanderweerd, à l’ouverture des 21èmes Journées du Cinéma Européen, à la Salle Alhambra-Zephir-La Marsa dans la banlieue nord de Tunis.
A travers ce film, Pierre Yves Vanderweerd emmène le spectateur vers les territoires arides des hivers enneigés de la Lozère, une région de la France où il est installé depuis des années.
La tourmente désigne la tempête de neige qui désoriente et égare mais c’est aussi le nom, auparavant, donné par les gens de la Lozère, à la mélancolie provoquée par la dureté des hivers.
Le cinéaste belge raconte dans “la tourmente”, la folie des résidents de l’hôpital psychiatrique du village Saint- Albin dans une mise en scène douloureuse. Il relate le sort de ces égarés dans un climat dur qui traverse le plus profond de l’âme.
Presque sans couleurs, les scènes sans dialogue aussi, sont animées par le son des cloches, le vent qui souffle, la tempête qui gronde et des voix en occitan, une langue romane parlée en Lozère (traduits en français sur écran).
Les patients énumèrent les noms de quelques-uns des trois milles personnes qui furent enterrés dans cet enclos des fous. Les bergers du village, eux, érigent des clochers pour rappeler les égarés et invoquer les âmes perdues à travers le son des cloches au cou de leur troupeau.
“Selon une pratique très ancienne dans la région, lorsque il y a des tourmentes, les cloches sont déclenchées pour rappeler les égarés avec le son des cloches”, souligne le réalisateur.
Dans ce film documentaire, le cinéaste habitué au Sahara africain dans ses récentes productions, s’aventure sur les montagnes enneigées de la Lozère.
Après avoir fait la plupart de ses films dans le desert africain (Mauritanie, Algérie, Sud-Soudan), le réalisateur s’intéresse au massif de la Lozère qui est également “un désert où il neige en permanence de la fin novembre à la fin mai”.
Le film, réalisé avec un groupe de patients dans l’hôpital psychiatrique de la région “qui se disaient tous tourmentés”, selon le cinéaste, n’est pas autobiographique, mais il tend à tracer les frontières entre tourmentes et tourments des 3000 personnes, enterrées entre 1880 et 1980, dans cet hôpital de la Lozère.
C’est un mouvement de mémoire qui touche et sensibilise sur le sort de ces gens dont beaucoup parmi eux venaient du Maghreb.
Produit en 2013, ce film de 77 minutes n’est certainement pas axé sur eux, souligne le réalisateur dans une déclaration à la TAP, car “il est principalement tourné vers le sort de tous ces égares qui sont passés par l’établissement.
“Le film est une immersion dans le froid et la fraîcheur après la chaleur des derniers jours en Tunisie”, tel que présenté par son réalisateur, Pierre-Yves Vanderweerd.
Ont assisté à la projection du film, Laura Baeza ambassadrice de l’Union Europeene à Tunis, Amel Karboul, ministre du Tourisme et des représentants d’autres départements ministériels outre des ambassadeurs europèens et des réalisateurs.
“Ces JCE s’insèrent dans le dialogue culturel et le partenariat euro-méditerranéen”, souligne Mme Baeza. “Nous espérons que cet espace d’échange entre cinéma européen et maghrébin, soit un trait d’union entre les deux rives de la méditerranée”, a-t-elle encore dit.
Organisées par la délégation de l’Union Européenne à Tunis et les ambassades de ses Etats membres en Tunisie en collaboration avec le ministère de la Culture et les commissariats régionaux de Tunis, Sfax, Sousse, Sidi Bouzid, Gabès et Médenine, les JCE de cette année sont consacrées principalement au documentaire avec la présence de des oeuvres de onze pays d’Europe et quatre pays du Maghreb arabe.