A quelques jours du démarrage de l’année scolaire, les cours particuliers à domicile ont déjà commencé, surtout, pour les élèves du primaire. Des parents ont confié à la TAP que certains enseignants affichent complet et refusent d’accepter davantage d’élèves.
Les tarifs de ces cours varient entre 40 et 100 dinars par mois selon le niveau et le nombre des élèves par groupe, ont- ils fait savoir. Ils ont affirmé qu’un grand nombre d’élèves parfois de niveaux différents font partie d’un même groupe dans un espace restreint démuni, parfois, d’outils de travail élémentaires comme le tableau.
Jamel, père d’un élève en cinquième année indique qu’il a contacté une institutrice réputée pour sa compétence mais elle a refusé d’accepter son fils, faute de place.
“La cinquième année est une année de base et il faut que mon fils soit bien préparé pour réussir et avoir une bonne moyenne. Je pense qu’on ne peut plus se passer des cours particuliers”, a-t-il dit.
Saoussen parente d’un élève en troisième année primaire nous a affirmé qu’elle a été contactée, fin août, par l’institutrice de son fils qui l’a informée du démarrage des cours particuliers à partir du 1er septembre lui faisant savoir que les places sont limitées.
“Au départ j’ai refusé, mais lorsque j’ai appris qu’une dizaine de camarades de mon fils ont été inscrits à des cours particuliers de français à domicile, j’ai cédé”, a-t-elle ajouté.
Leila une autre parente estime que le niveau de l’enseignement a tellement baissé dans les écoles publiques que les élèves doivent obligatoirement prendre des cours particuliers. Pour sa part, Najoua refuse catégoriquement les cours particuliers qui estime-t-elle camouflent le véritable niveau de l’élève.
Les enseignants trichent toujours au profit des élèves à qui ils dispensent ce genre de cours selon Najoua. “Dès le démarrage de l’année scolaire, les enseignants commencent à harceler les enfants pour les obliger à faire des cours particuliers”, nous confie-t-elle, ajoutant que généralement, l’enseignant marginalise l’élève non inscrit au cours particuliers qu’il dispense.
Samira, maîtresse de français, souligne qu’elle est souvent sollicitée par un grand nombre de parents qui cherchent l’excellence pour leurs enfants et aspirent qu’ils puissent accéder aux collèges pilotes. Amal, institutrice d’arabe indique que malgré le grand nombre de demandes de la part des parents, elle refuse toujours de donner des cours particuliers à domicile.
Contacté par l’agence TAP, Mastouri Gammoudi, secrétaire général du syndicat de l’enseignement de base, relevant de l’Union générale tunisienne du travail a souligné que le syndicat s’oppose fermement aux cours particuliers à domicile, appelant tous les enseignants du primaire à mettre fin à ces pratiques, qu’il a qualifiées d’illégales.
Il justifie le comportement des enseignants par la nécessité d’arrondir les fins de mois vu que les salaires qu’ils perçoivent ne leur permettent pas de subvenir à tous leurs besoins.
Selon Hafidh Bedoui, inspecteur des écoles primaires, les élèves n’ont pas besoin de cours particuliers excepté ceux de la sixième année qui ont un concours à passer en fin d’année.
Il a mis l’accent sur l’importance de développer les aptitudes de l’enfant par la lecture et de lui apprendre à compter sur soi. Bedoui a indiqué qu’aucune étude n’a démontré l’importance des cours particuliers pour les élèves, estimant que ces cours apprennent à l’élève la paresse parce qu’il aura toujours besoin de quelqu’un à ses côtés pour l’aider à comprendre sans aucun effort de sa part.
Il a ajouté que les parents ont encouragé ce phénomène car faute de temps libre, ils se sentent coupables à l’égard de leur progéniture et cherchent à compenser le manquement à leur devoir par le recours à un enseignant. De son côté, Kamel Hajjem, directeur général du cycle primaire au ministère de l’éducation a fait savoir que les réclamations de la part des parents concernant les enseignants qui veulent forcer leurs élèves à s’inscrire à des cours particuliers à domicile ont baissé au cours de ces dernières années.
“Le ministère interdit toujours aux enseignants de donner des cours à domicile à leurs propres élèves”, a-t-il ajouté. “Les instituteurs peuvent donner des cours particuliers aux élèves des autres classes à condition d’avoir une autorisation du ministère, de proposer des tarifs raisonnables et de dispenser les cours dans un espace aménagé qui préserve la dignité des élèves”, a-t-il dit. Pour lutter contre ce phénomène, le responsable a souligné que les enseignants doivent respecter le règlement en vigueur.
Il a, par ailleurs, mis l’accent sur la nécessité d’améliorer la qualité de l’enseignement et la formation des enseignants et ce, dans le cadre d’une réforme globale du système éducatif.