Les dirigeants de plusieurs partis se déclinant comme de « petites formations » ont chahuté délibérément et interrompu des déclarations à la presse du président de l’Instance supérieure indépendante des élections, Chafik Sarsar.
Ils l’ont assiégé devant la salle de réunion alors qu’il parlait aux médias et lui ont coupé la parole. C’est ce qui a amené les journalistes à les boycotter à leur tour.
L’incident s’est produit mardi à Tunis en marge de la rencontre des partis politiques sur la présentation des candidatures aux élections législatives et présidentielle de 2014.
Au micro qu’il venait d’arracher de force, le coordinateur général du parti écologiste « Tunisie verte » donna lecture à une pétition rédigée sur les lieux mêmes de la réunion, dans un hôtel de la capitale.
Les partis signataires y disent rejeter en bloc les conditions d’éligibilité à la prochaine assemblée parlementaire et du parrainage des candidatures, de même que les conditions financières à remplir pour briguer la fonction présidentielle, y voyant « des conditions impossibles ».
Le président de l’ISIE avait fait état, peu auparavant à l’ouverture de sa rencontre avec les partis, d’un certain nombre de difficultés inhérentes au texte de la loi électorale, invitant les représentants des partis à émettre leur avis à leur sujet.
Réagissant au mouvement d’humeur de certains dirigeants de partis courroucés par les conditions de candidature aux élections, Chafik Sarsar s’est défendu en arguant que son instance « n’a rien inventé » et « ne fait qu’appliquer les conditions énoncées par la loi qu’elle n’est pas habilitée à modifier car n’ayant pas de prérogatives législatives ».
Pour autant, a-t-il ajouté, « les partis politiques auront par la suite toute latitude de proposer l’amendement de la loi ».
L’ISIE s’est employée, en ce qui la concerne, à simplifier certaines formalités à remplir comme la facilitation de la délivrance de l’extrait du casier judiciaire, a-t-il ajouté, considérant que la pétition ayant circulé dans la réunion comporte « des demandes inacceptables qui ne relèvent pas des compétences de l’instance ».
De son côté, le représentant du Mouvement Ennahdha, Abdelhamid Jelassi, a estimé « hors de question » de reconsidérer une loi électorale validée par l’Assemblée nationale constituante. Par contre, a-t-il cependant nuancé, Ennahdha est favorable à l’assouplissement de certaines formalités réglementaires et procédurales et pour la levée de tous les obstacles à la participation de tous les Tunisiens à la prochaine échéance électorale.
De son côté, le secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié, Zied Lakhdhar, s’est dit préoccupé par la question des superviseurs et des observateurs « pourtant si essentielle pour le processus électoral ».
Quant à Ridha Belhaj, membre du comité fondateur du mouvement Nidaa Tounes, il a indiqué que son parti ne contestera pas la loi électorale mais s’y conformera.
« Si nous sommes venus à cette réunion c’est uniquement pour étudier les modalités d’application de cette loi car il y va du succès des élections », a-t-il dit, saluant le rôle joué par l’ISIE pour vaincre certaines difficultés comme le remplacement de la signature légalisée par le simple paraphe en ce qui concerne le parrainage des candidatures.