L’organisation Article 19 a critiqué les mesures annoncées, récemment, par la présidence du gouvernement au sujet des poursuites judiciaires contre toute personne, groupe, parti ou institution qui « dénigrerait les institutions militaires et sécuritaires ».
Le chef du gouvernement provisoire, Mehdi Jomaa, avait affirmé, le 19 juillet dernier, que les institutions sécuritaire et militaire sont “une ligne rouge” et que quiconque les dénigreraient s’exposera à des poursuites judiciaires et militaires. Mehdi Jomaa présidait alors une réunion de la cellule de crise créée à la suite de l’attaque terroriste perpétrée le 17 juillet 2014 au Mont Chaambi, à Kasserine, ayant entraîné la mort de 15 militaires.
Cette mesure, qui est susceptible d’ouvrir la voie à la censure et l’autocensure, ajoute Article 19, porte atteinte aux droits fondamentaux des citoyens et des journalistes qui, selon l’organisation, ne devraient pas être pénalisés pour leurs opinions critiques à l’égard des institutions sécuritaire et militaire, a souligné la directrice des projets d’Article 19 en Tunisie, Saloua Ghazouani Oueslati. Article 19 estime que ces mesures sont de nature de porter atteinte à la liberté d’expression, d’association et de culte en Tunisie.
«Le langage utilisé dans cette décision gouvernementale, tel que les expressions “discours séditieux”, “provocateur”, ou “dénigrant l’armée et la police”, est beaucoup trop vague et ambigu», ajoute l’organisation. Ces propos, estime l’organisation, confèrent un pouvoir discrétionnaire aux autorités qui risquent d’en abuser au nom de la lutte contre le terrorisme et au détriment de la liberté d’expression.
« Les Tunisiens ont réussi à adopter une Constitution progressiste et à bien gérer la période transitoire. Il est impératif qu’ils restent vigilants quant à la protection de leurs droits et libertés conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution de 2014 », ajoute l’organisation. Article 19 appelle également au respect des droits et des libertés qui sont capitales pour préserver la sécurité nationale.