En négligeant l’éternel débat annuel des musulmans sur le fait de savoir si l’Aïd Sghir sera le lundi ou le mardi nous avons tous une tendre pensée à ce jour mémorable qui peuple les souvenirs de notre enfance et même de notre vieillesse.
Nous aimons tous le jour de l’Aïd parce que, d’abord, il annonce la fin d’un dur mois d’abstinence, pendant lequel chacun de nous, en jeûnant, a partagé matériellement et mentalement ce que vivent les nécessiteux dont parle le Saint Coran. Bien sûr que si ! Il ne se passe pas un jour sans que nous nous privions d’un brick à l’œuf, d’un bol de chorba ou même en sacrifiant le deuxième plat de la soirée, soit la «Mghrafa» ou la «Marqa» pour sentir ce que ressentent les pauvres. C’est ça la vraie foi.
Nous aimons le jour de l’Aïd parce que nos enfants, à qui nous achetons les meilleurs habits et les plus chers, les meilleurs jeux et les plus sophistiqués, sont conscients que ce jour de l’Aïd est un jour de partage et de fraternité, et nous leur avons bien fait comprendre comment ne pas jalouser leur voisin plus riche que nous, ni faire envier l’autre voisin moins fortuné ! C’est ça la vraie foi.
D’autre part, le jour de l’Aïd El Fitr est un jour de rassemblement et de renforcement des liens parentaux qui consolide l’individu dans son appartenance familiale et sociale. Et, c’est pour ça que nous nous ruons à pied, en bus, en métro et en voiture sur les parcs des loisirs et ce qui fait office, et nous trimbalons notre marmaille afin de bien se rassembler ! Tous ! Nous prenons quand même la peine d’envoyer le maximum de sms à tous ceux qui nous sont chers afin de leur souhaiter bonne fête. C’est ça la vraie foi.
Nos jours d’Aïd en ville sont à l’image de ce que nous sommes devenus malheureusement. Des affreux égoïstes qui cherchent toujours à tirer le maximum du drap vers eux et eux seuls. L’Aïd, c’est d’abord une bonne grâce matinée pour ce venger des jours de réveil matinal du Ramadan sans café ni tartine ! Ensuite, le premier petit deuj affreusement garnie de «hlou» de tout genre selon nos bourses ! De la baklava à plus de 30 DT le kilo au biscuit fait à la maison pour quelques dinars le kilo… C’est toujours du sucre et encore du sucre !
Après, c’est la course avec les enfants pour les parcs de jeux et visite, en fin d’après midi, chez les beaux parents pour contenter la chère épouse …
Nous avons tous au fond de nous-mêmes un souvenir tendre des Aïds de notre enfance, tout simples ou tout sophistiqués qu’ils étaient. Mais quelle différence avec ce que nous allons transmettre à nos enfants ?!
A la fin de ces humeurs Ramadenesques que je vous ai fait subir, je voudrais vous souhaiter quand même les meilleurs vœux pour vous et tous ceux qui vous sont chers.
Par Ali Laïdi Ben Mansour
Article publié sur WMC
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