Le colonel major à la retraite Mokhtar Ben Nasr, membre du Centre tunisien des études de la sécurité globale, a appelé l’autorité de tutelle à “accélérer l’occupation du mont Châambi, dominer ses issues et unifier les directions politique et sécuritaire, afin de combattre le terrorisme et de traiter, sérieusement, ce fléau”.
Au cours d’une soirée ramadanesque organisée par l’association culturelle des agents de Tunisair, vendredi soir, dans ses locaux, à la Soukra (gouvernorat de l’Ariana) autour de la question du “terrorisme, de la frayeur et la mobilisation, à l’indifférence et l’insouciance”, Ben Nasr a souligné que “l’irrespect des principes de la guerre et la lutte contre le terrorisme ont conduit à l’amplification de la vague terroriste et son élargissement à plus d’une zone”.
Le conférencier a, dans ce sens, considéré que “les hésitations politiques pour la prise des décisions, l’échec dans la délimitation de l’objectif, avec précision, la dispersion des efforts sécuritaires et militaires, ainsi que l’absence d’initiative et de vision prospective, dans la lutte contre le terrorisme sont parmi les facteurs qui avaient aidé à la propagation du fléau”.
Dans ce contexte, il a appelé à “la révision de la loi sur la conscription militaire et la fusion de la garde nationale dans l’armée, parce que la coopération entre ces deux institutions peut être plus efficace”, évoquant, dans ce sens, l’importance “de l’adaptation des unités sécuritaires et militaires et leur mise sous le contrôle démocratique et de la neutralité politique”.
La conférence a, en outre, permis de passer en revue les différents volets historiques, religieux, juridiques, politiques et sécuritaires, du phénomène du terrorisme. A ce propos, Slim Ben Abdesselam, membre de l’Assemblée nationale constituante (ANC), a souligné qu’il “n’y a pas de vide juridique dans le domaine du traitement du terrorisme, comme on veut le faire croire, surtout qu’il y a la loi de 2003 sur le terrorisme”.
Il considère que “le nouveau projet de loi relatif au terrorisme présenté à l’ANC ne contient pas une position claire du gouvernement à son propos, mais qu’il est digne d’intérêt, surtout pour les articles qui s’en réfèrent, notamment l’interdiction de la torture, le procès équitable, le secret des témoignages et la période de garde à vue”.
Pour sa part, l’expert en droit constitutionnel, Jawhar Ben Mbarek, a indiqué que “le terrorisme en Tunisie n’est pas un phénomène importé, mais qu’il est purement tunisien dont les héros sont des Tunisiens de différents niveaux d’instruction et catégories sociales. Ces derniers oeuvrent à l’instauration d’un mode de vie différent, dans la société tunisienne, ce qui prouve la gravité de la situation qui nécessite une intervention d’urgence pour le traitement du phénomène du terrorisme à la racine”.
De son côté, le penseur Youssef Seddik a évoqué, dans une intervention succincte, la question du terrorisme, du côté sociologique et philosophique. Il a appelé à la réévaluation de la relation entre le Tunisien et la religion islamique, le changement des méthodes d’enseignement et d’éducation, en vue de l’instauration d’un système opposé à ce qui est véhiculé par les courants extrémistes.