« Avec la réhabilitation du groupe de militaires de Barraket Essahel, la Tunisie tourne aujourd’hui la page de l’arbitraire et efface une injustice de son histoire et de celle de la relation de l’Etat avec l’armée et avec les droits de l’Homme », a déclaré le président de la République provisoire, Moncef Marzouki. Les militaires concernés par « l’affaire » de Barraket Essahel ont vu flétrir leur dignité et confisquer leurs tenues.
Ils ont même été torturés comme le furent tant de Tunisiens qui avaient eu à subir les pires abus », a ajouté Marzouki lors d’une cérémonie tenue, jeudi, au Palais de Carthage, proclamant que « la Tunisie ouvre aujourd’hui une nouvelle page après la victoire de la démocratie contre la dictature ».
Le président a remercié les militaires victimes de ce qu’il a qualifié de « grande injustice », de même que les membres de leurs familles pour le calvaire enduré. Ses remerciements se sont aussi adressés aux associations qui les ont soutenus, ainsi qu’aux ministères de la Défense et de la Justice, à l’Assemblée nationale constituante et à tous ceux qui avaient fait l’effort d’oeuvrer à lever l’injustice.
Marzouki a saisi l’occasion pour exprimer « les excuses de l’Etat aux mères, épouses et enfants du groupe de Barraket Essahel ». Revenant aux évènements d’actualité, Marzouki a souligné que « la toute jeune démocratie tunisienne a besoin d’une armée forte et soudée, réitérant le soutien de l’Etat à son armée nationale et la confiance en la hiérarchie militaire déterminée à éradiquer le terrorisme. S’exprimant en marge de la cérémonie dans une déclaration de presse, le ministre de la Défense nationale, Ghazi Jeribi, a dit trouver « très émouvant » le moment où l’injustice est levée et un certain nombre de militaires rétablis dans leurs droits, l’Etat ayant préalablement réparé le préjudice subi par eux.
« Il est vrai que le dédommagement, de quelque montant que ce soit, ne peut réparer totalement les souffrances endurées par les victimes et leurs familles », a- t-il cependant nuancé. Concernant précisément le dédommagement matériel des militaires concernés, le ministre a indiqué qu’il s’emploiera à la mise en application intégrale de la loi 2014-28 du 19 juin 2014 relative à la régularisation de la situation des militaires fourvoyés dans l’affaire de Barraket Essahel, considérant que la réhabilitation de ces militaires ne manquera de remotiver l’institution militaire aux prises avec les menaces terroristes.
Pour le coordinateur de l’Association pour la réhabilitation des anciens militaires, le colonel-major Mohamed Ahmed, « c’est un grand moment de voir tous ces militaires réhabilités dans leur tenue réglementaire et leurs galons, ceux-là mêmes qui leur avaient été arrachés et piétinés en 1991 par la police politique ».