Le cérémonial mis en place pour l’investiture de Bachar Al Assad, président élu du peuple syrien, est impressionnant à plus d’un titre. Impressionnant par la dimension qu’il donne à l’ETAT et par l’image qu’il renvoie au peuple : celui d’un Homme d’État fort-indépendamment du fait qu’il soit démocrate ou dictateur- solide et capable de protéger son pays. Celui d’un homme d’État qui valorise son peuple et l’élève au rang du sacré et non le dénigre publiquement en le traitant d’ignare comme cela a été le cas pour nous !
Le cérémonial d’investiture d’un Chef d’Etat est l’expression de l’autorité de l’État, de son prestige et de sa suprématie. Cela n’a pas été le cas pour nous (voir vidéos) en Tunisie et nous aurions dû relever le peu de cas fait de l’Etat rien que par la manière dont s’est déroulée la cérémonie d’Investiture de Moncef Marzouki et son attitude en cette journée prétendument inédite dans le pays initiateur des printemps automnaux arabes !
Une cérémonie d’investiture se déroule partout dans le monde en plusieurs séquences, dont chacune a une signification particulière. A Damas, ce matin, rien que le fait de voir la manière dont les deux jeunes officiers syriens en tenues de cérémonie ont été déposer le coran à la droite du pupitre et la constitution à sa gauche, était un véritable spectacle. Le Président syrien fraîchement élu a parcouru les différents corps armés avant d’accéder à la grande salle du palais présidentiel de Damas où a été tenue la cérémonie.
Devant un parterre de députés réunis en session extraordinaire et en présence de plus d’un millier d’invités, Bachar Al Assad a donné l’image d’un homme qui sait faire face à l’adversité, préserver les institutions de l’Etat et défendre un pays ravagé par une sale guerre orchestrée à l’international et exécutée par des mercenaires et des extrémistes islamistes. Soit des armes à destruction massive et des bombes humaines qui peuvent exploser à tout moment et qui sont pour la plupart irrécupérables car malheureusement dotés de cerveaux lavés et bien lessivés. Tels des « Robocops » humains, ils sont devenus non pas des armes de guerre contre les ennemis potentiels de leurs patries mais dirigées en plein cœur de leurs propres concitoyens !
Dans son discours d’investiture, Bachar Al Assad l’a rappelé en adressant un clin d’œil à Rejeb Taieb Erdogan qui souhaitait « faire la prière à la mosquée Omeyade à Damas mais pas aujourd’hui même à la Mosquée Al Aksa à Jérusalem alors que Gaza croule sous les bombes israéliennes ». Les masques sont tombés et ce sont ceux là mêmes qui se sont acharnés sur le régime syrien indépendamment parlant du régime politique en place qui n’est pas plus dictatorial que celui de la Turquie, qui risquent fort de se retrouver la cible des terroristes islamistes. Pour rappel, les exactions perpétrées par le régime turc à la place Taksim.
C’est juste une question de temps et c’est aussi valable pour tous les pays occidentaux qui ont soutenu l’islam politique et lesquels ne se sont jamais approfondis dans la lecture de l’histoire arabo-musulmane. Ou plutôt qui ont décidé de reprendre le scénario Lawrence d’Arabie en n’en mesurant pas les conséquences. Ils ont omis de leurs plans machiavéliques des composantes géopolitiques importantes : les différences et les particularités civilisationnelles entre le Machrek et les pays du Golfe ainsi que le positionnement géographique du Nord de l’Afrique situé à quelques brassées de l’Europe (Entre la Sicile et la Tunisie, il y a tout juste 140 km).
« Ils ont voulu une révolution, mais vous avez été les vrais révolutionnaires. Je rends hommage à votre fidélité à la patrie, votre loyauté à la Syrie et à votre courage et audace. Car vous présenter aux urnes alors que vous risquiez la mort à cause des terroristes armés et bien rodés à l’art d’assassiner, n’était pas une tâche facile» a déclaré le président syrien. Il a évoqué à l’occasion, les difficultés qu’a eu la diaspora syrienne à élire dans les pays de résidence : « Vous avez tenu bon malgré toutes les entraves et les obstacles qu’on vous a mis pour vous empêcher d’assurer votre devoir électoral ».
Lorsque Marzouki a prêté serment, il avait promis de préserver l’unité nationale, l‘unité et l’intégrité du territoire, les principes républicains et la civilité de l’Etat sans parler des promesses faites lors de son discours inquisitoire d’investiture où il avait assuré que les acquis des femmes ne seront jamais touchés.
4 ans après, les institutions de l’Etat sont désarticulés et l’unité nationale et de territoire menacée. A Kasserine, nous sommes presque dans le non Etat, à Djerba, les insulaires font la loi à Guellala et la police se retire. Les ministères de souveraineté sont minés et les femmes tunisiennes risquent de se retrouver sous le joug d’un pouvoir taliban.
Du coup, on commence à se poser sérieusement la question sur le pourquoi d’un soulèvement où de centaines de jeunes sont morts pour plus de dignité par l’emploi pour que le pays revienne 14 siècle en arrière. On se demande aussi comment un président qui a échoué à assurer la continuité de l’Etat, préserver ses institutions, protéger les acquis des femmes et valoriser l’image de la Tunisie à l’international continue non seulement à siéger dans un Palais aussi prestigieux que celui de Carthage mais ambitionne aussi de se représenter à de nouvelles élections !