Tunisie : Nouvelle controverse autour de l’ANC

Les partisans du paiement des arriérés pensent tout le contraire. Ils mettent en avant “les difficultés financières” endurées selon eux par les députés depuis qu’ils sont privés de prime de logement ” au point d’avoir dû payer l’hébergement de leur poche”, comme le soutient le député d’Ennahdha Mounir Ben Hnia, rapportant que certains députés ont dû contracter des prêts bancaires à cette fin.
Les députés Iyed Dahmani (Al-Joumhouri) et Hichem Hosni (Courant populaire progressiste) sont de ceux qui s’opposent catégoriquement à ce que les constituants tirent un quelconque avantage financier, sous aucun prétexte, de l’autonomie revendiquée de l’assemblée parlementaire. Leur position est partagée mais de manière plus nuancée par le député Naceur Brahmi.

Malgré les charges importantes que lui coute, selon ses dires, le seul fait de devoir être présent sous la coupole du Palais du Bardo, il rejette l’idée même des éventuels “dividendes” de la loi sur l’autonomie financière et administrative de l’Assemblée parlementaire.

Le député non-inscrit Abderrazak Khallouli, ne voit pas du tout les choses de la même manière. Pour lui, il n’y a d’autre référence que la loi pour juger du bien-fondé ou non du paiement des arriérés de 19 mois de prime de logement. “Il s’agit de l’application de la loi et les surenchères politiciennes n’y pourront rien”, a-t-il lancé, assurant qu’il est du plein droit des députés de se faire payer leur reliquat de prime de logement, une fois adoptée la loi sur l’autonomie financière et administrative de l’assemblée. Entre les deux positions, il y a celle, intermédiaire, d’un nombre non négligeable de constituants dans l’expectative.

Comme l’a constaté le journaliste de l’agence TAP, ceux là assistent en spectateurs intéressés au débat en cours sans se déterminer par rapport à la question qui agite ces derniers temps la classe politique. Ils conviennent toutefois à demi mot qu’il y a d’autres textes autrement plus importants, encore en souffrance, et qui devraient avoir la priorité, comme la loi anti- terroriste, ou encore la loi des finances complémentaire. A ce titre ils disent ne pas avoir d’objection à ce que le débat sur l’autonomie soit retardé.

La controverse sur cette question a eu, par ailleurs, pour conséquence inattendue de brocarder “l’attitude de ces députés si prompts à réclamer des primes à tout va mais qui sèchent volontiers et fréquemment les travaux de la séance plénière et des commissions, souvent sans motifs convaincants”. Ceux qui expriment cette critique soutiennent que si la prime convoitée voit le jour, “elle ne devrait profiter qu’aux seuls députés assidus”.

Le député du Front populaire Mongi Rahoui a eu beau jeu de s’étonner de la quête d’arriérés de primes alors qu’il “ne reste encore aux députés de la Constituante que deux mois pour s’en aller et vaquer à leur campagne électorale”