La 50eme édition du festival de Carthage s’est ouverte jeudi soir avec brio sous la signature de Anouar Brahem qui a présenté en avant- première mondiale sa nouvelle œuvre “Souvenance”.
L’amphithéâtre antique de Carthage, qui a fait le plein ce soir, a vibré au rythme du Oud de Anouar Brahem accompagné par son groupe de toujours composé de François couturier au piano, Klaus Gesing à la clarinette basse, Bjorn Meyer à la basse, aux côtés d’une vingtaine de jeunes musiciens de l’orchestre de chambre de Tallinn.
Un public mélomane, des artistes, des journalistes et des représentants de la classe politique, dont le chef du gouvernement provisoire Mahdi Jomaa et le ministre de la culture, Mourad Sakli, étaient pris par la magie des mélodies qui composaient les différents morceaux du concert.
Les festivaliers, dont le nombre, selon les organisateurs a dépassé les 6 mille personnes, étaient attentifs au dialogue engagé à travers des rythmes de musique occidentale et orientale où les instruments de musique viennent remuer “les souvenirs” qui sommeillent en chacun de nous.
Tour à tour chaque instrument de musique prend la vedette avant de céder par la suite le rythme au oud, au bras de Anouar Brahem, qui trônait au milieu de la scène. L’artiste qui n’a pas caché sa joie d’avoir réussi à relever le défi en organisant un concert de musique de chambre dans un espace ouvert avec le risque des aléas climatiques.
A chaque mouvement musical soufflait une brise parfumée de jasmin pour accompagner le rythme des notes de musique qui n’ont pas manqué de se corser, par moment, avant de s’accélérer et de prendre de l’ampleur exprimant des sentiments de colère et d’appréhension. A ce moment, un mélange de musique et de murmures de foule, émanant d’un enregistrement audio, fait revivre aux spectateurs le souvenir des premiers moments de la révolution du 14 janvier 2011 qui demeurent encore présents chez les Tunisiens.
La projection en flash-back d’une courte vidéo relatant des événements du 10 janvier 2011 à Kasserine permettent de revivre, pour quelques instants, des moments douloureux et sanglants de l’histoire toute récente de la Tunisie.
Loin d’être une suite de souvenirs douloureux, anciens et nouveaux, « Souvenance », l’œuvre de Anouar Brahem nous fait revivre aussi des moments de gaieté et d’amour avec la reprise, par son créateur initial de la célèbre chanson de Lotfi Bouchnak écrite par Ali Louati “Reetek Ma Naaref win” et composée, il y a 22 ans par Anouar Brahem.
Cette œuvre inspirée du répertoire musical de la Tunisie des années 30 a chatouillé les festivaliers de Carthage qui en chœur ont repris, gaiement, les paroles de cette chanson, pour clôturer dans la joie et en beauté le concert d’ouverture du festival de Carthage.