Comment appréhender la dernière proposition du mouvement Ennahdha de rechercher un président de la République «consensuel» en vue d’appeler tous les partis à le soutenir à la prochaine élection présidentielle?
De deux choses: ou bien l’idée est si ingénue que personne n’y a pensé et que le parti islamiste la sort de son chapeau comme par enchantement, sûr de son effet et de l’adhésion de l’ensemble des forces politiques autour d’elle, car elles ne trouvent pas mieux; ou il s’agit d’une manœuvre politicienne censée servir ses seuls intérêts partisans.
Connaissant les façons de penser des islamistes, il n’y pas de doute que la dernière explication est la plus plausible. Car, avec l’idée pensée, réfléchie et argumentée au sein de «Majliss Chouraa» -l’instance de conception du mouvement-, Ennahdha a sorti son artillerie lourde pour la défendre avec un «point de presse» où étaient présents les grosses pointures du mouvement, à savoir les Larayedh, Bhiri, Mekki, Ben Salem, tous anciens du gouvernement entourant le coordinateur général Abdelhamid Jelassi et Fethi Ayadi, le président du Majlis.
Il y a lieu de se demander quelles sont les motivations de cette proposition qui semble réunir, dans un même élan de soutien, les faucons et les colombes du mouvement?
Après avoir réclamé et obtenu que les élections législatives précèdent l’élection présidentielle, pour montrer la primauté du Parlement et donc du gouvernement qui en sera issu, Ennahdha n’est-il pas en train de franchir un pas de plus dans sa crainte maladive de l’institution présidentielle en ôtant tout sens à l’élection présidentielle? Le parti islamiste veut, contre toute logique démocratique, substituer les états majors des partis politiques à la volonté souveraine du peuple.
Par Raouf Ben Rejeb
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