Fado portugais et chant tunisien à Sidi Bou Said : Une fusion sublime entre Ney et guitare

Le Fado, cette musique classée au patrimoine mondial culturel immatériel de l’Humanité, est « l’expression musicale la plus caractéristique du Portugal », dit le chanteur Jose Da Camara.

Au palais Ennejma Ezzahra du Baron d’Erlanger, Jose Da Camara a présenté, vendredi soir, un concert de restitution organisé au terme d’une semaine de résidence artistique entre trois artistes tunisiens et deux autres portugais.

Cette résidence est le fruit d’une collaboration entre le Centre des musiques arabes et Méditerranéennes (CMAM) et l’ambassade du Portugal à Tunis avec le concours de l’Institut de coopération et de la langue portugaise (CICL-Camoes).

Layali chbilia fusionnée à la « Saudale »

Le spectacle commence par des chansons portugaises. Des mélodies douces et harmonieuses interprétées par Jose da Camara au chant à la guitare et Luis Petisca à la guitare portugaise, « Salada de Portugal » et « Aquela Janela virada para o mar ». Une belle prestation durant laquelle Jose Da Camara a pu entraîner le public dans le monde du fado en entonnant des mots de ses chansons. Accompagné du percussionniste tunisien et la jeune Asma en choeur, Jose chante une belle mélodie dansante et harmonieuse comme si on se baladait dans les petites ruelles des quartiers portugais. Après trois morceaux de Fado portugais, le trio tunisien composé de Asma Ben Ahmed au chant, Mohamed Ben Saliha au ney (flûte oblique) et Jihed Khemiri à la percussion prennent la relève avec des chansons inspirées du patrimoine musical tunisien. Accompagnée des deux musiciens en choeur, Asma interprète un mawal tunisien fantastique du patrimoine tunisien composé de chansons de Saliha : « freg ghezali » « zaama ennar tetfachi » et « Jibouli khali ma nmoutech ». Asma chante également « ana snaani sanaa » de Cheikh Afrit, « lamouni elli gharou menni » de Hédi Jouini, « hez ayounek rahom chabbou fya »… Le duo portugais interprète plusieurs chansons, comme « Fado Lopes », « Rosinha dos limos » ou encore « canto o Fado » faisant le bonheur du public présent par de longues ovations. En début de soirée, chacun des artistes tunisiens et portugais a joué sa propre musique et la fusion entre les musiques fût durant la dernière partie du spectacle. Le dernier morceau de la soirée: « Layali chbilia » oeuvre de Fathia Khairy mélangée chanté avec du fado. « La Saudale » (mot portugais exprimant chagrin du passé et des morts), l’amour, la jalousie, la nostalgie, le chagrin, l’exil tant de thèmes du chant fado se marient et s’entremêlent avec les mélodies orientales puisées dans le riche patrimoine tunisien. Musique emblématique du Portugal, le fado fut d’abord chanté dans les quartiers populaires avant de se répandre dans les milieux bourgeois pour devenir enfin le chant national du portugal.

Jose da Amara : une expérience musicale fantastique

Jose da Amara est à son deuxième spectacle en Tunisie après une première participation avec un concert Fado à l’Octobre musical. Interrogé sur son appréciation de première expérience de résidence artistique avec des artistes tunisiens, Jose da Camara affirme, à la TAP, que c’était une expérience spéciale et fantastique de jouer avec des musiciens d’une autre culture musicale ». Parlant peu le français avec un accent portugais, Jose ayant à son actif une longue carrière de 28 ans se dit touché par les mélodies de la musique arabe qui toutefois s’avèrent parfois difficiles à comprendre. « Après plusieurs cinq siècles de présence arabe dans la péninsule Ibérique, c’est normal que persiste cet héritage et cette influence dans la musique portugaise », souligne José. Selon plusieurs thèses, le fado trouve ses origines à travers plusieurs influences : arabe, brésilienne, africaine mais les origines exactes demeurent pas vraiment connues. « La base du fado et de la musique arabe a beaucoup d’improvisation avec une large ressemblance au niveau de la diction et du timbre vocal », dit Jose. Cette ressemblance plait beaucoup à notre hôte portugais dont l’intérêt pour la musique arabe est devenu « beaucoup plus fort », selon son expression.