Tunisie : Responsabiliser le discours relatif au terrorisme

Les participants à un colloque sur “les modes de discours sur le terrorisme, entre la volonté d’y remédier et celle de l’instrumentaliser” ont souligné la nécessité de modérer et de responsabiliser la tonalité du discours en la matière.

Cette rencontre était organisée vendredi à Tunis par l’association “Yaqadha pour la démocratie et l’Etat civil”. Selon eux, cette attitude de prudence est dictée par la complexité de ce phénomène aux facettes multiples et qui se prête de ce fait à de nombreuses manières de l’aborder.

La présidente de l’association “Yaqadha”, Néziha Rjiba, a ainsi plaidé pour un dialogue sérieux sur la perception du terrorisme, de manière à aider le citoyen à bien l’assimiler, à l’abri de toute tentation d’en minimiser la gravité. Elle a expliqué le choix porté sur ce thème par “le caractère d’autant plus prioritaire du sujet que toutes les autres échéances politiques subissent sa menace”.

La multiplicité des modes de discours sur le terrorisme met en évidence les divergences des vues concernant une question aussi cruciale, censée faire l’objet d’un consensus national. De son côté, le chercheur Sami Braham a souligné que la lutte contre le terrorisme commande une action de sensibilisation de grande envergure aux valeurs de paix civile et de coexistence, appelant les composantes de la société civile à bien comprendre et étudier la tournure d’esprit des partisans du courant jihadiste afin de prémunir les candidats potentiels contre les risques de les rallier.

L’universitaire et anthropologue des religions Ikbal Gharbi a fait état de la multitude de modes de discours sur le terrorisme, à l’origine des équivoques qui confèrent quelque légitimité à certains cas de terrorisme. Pour elle, les récents “messages terroristes” de Tunisie, du Mali et du Nigeria se veulent un projet de civilisation diamétralement opposé à la civilisation moderne et à ses valeurs universelles.

La veuve du martyr Chokri Belaid a surtout mis l’accent, dans son intervention, sur le rôle prépondérant de la société civile en matière de lutte contre le terrorisme, notamment à travers la mobilisation des jeunes et des enfants.