La Tunisie est en quête d’un modèle de développement à même de lui permettre de reconstruire son économie d’ici 2020 et d’élaborer une stratégie de croissance à l’horizon 2030.
Un débat a été engagé sur cette question, à l’occasion d’un atelier de réflexion organisé lundi, à Gammarth.
Dans son intervention, le ministre de l’économie et des finances, Hakim Ben Hammouda a indiqué que la réflexion lancée sur le modèle de développement en Tunisie a pour objectif de faire le point sur le travail fait par les différents départements ministériels depuis deux ans.
“Il s’agit particulièrement, de construire une stratégie basée sur les secteurs prioritaires. Une équipe travaille sur cette question depuis trois mois et plusieurs partenaires du pays sont associés à cette démarche à l’instar de la Banque africaine de développement, l’Union européenne et la Banque mondiale”, a t-il fait savoir.
Dans cette perspective, une étude sur «la Tunisie et son environnement économique: prospective à l’horizon 2030» a été présentée à cet atelier, organisé par les ministères de l’économie, de l’industrie et de l’enseignement supérieur ainsi que par la BCT.
Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Chedly Ayari, a estimé que le nouveau modèle de développement doit permettre de résoudre le problème du chômage, dont la persistance fait planer le danger du chaos, sur le pays.
Il s’agit également, d’après lui, “de résoudre le problème de la répartition des richesses, à travers l’instauration d’un système fiscal plus équilibré, sans compromettre les conditions de croissance, surtout que les plus grands revenus ne paient qu’un impôt de 35%, actuellement, en Tunisie”.
Il a indiqué que “l’absence de plans de développement ayant marqué la période de transition a eu un impact négatif sur l’investissement local et étranger”.
Pour l’économiste français, Jean Louis Reiffers, le modèle de développement de la Tunisie doit se baser sur un nouveau contrat social, ciblant la réduction du chômage des jeunes qui constitue une véritable bombe à retardement.
“Le nouveau modèle doit éviter le repli sur soi, tendance basée sur des considérations nationalistes et ou identitaires. Il s’agit d’abord, d’identifier les raisons du déclenchement de la révolution notamment la collusion entre le milieu politique et celui des affaires, le chômage des jeunes et les inégalités en matière de développement humain”.
Pour M.Reiffers qui est également, président du comité scientifique de l’Institut de la Méditerranée, basé en France, la principale interrogation, consiste à savoir si le compromis politique réalisé en Tunisie, permet à l’économie de «continuer à s’ouvrir intelligemment».
Cette ouverture doit être travaillée dans les détails, a-t-il dit, citant l’exemple des négociations qui sont menées actuellement, par la Tunisie avec des institutions internationales à l’instar de celles en cours avec l’Union Européenne sur l’ouverture des secteurs du commerce et des services dont le transport.
D’après l’économiste «la technicité des négociations doit être plus forte qu’elle ne l’est actuellement, en élargissant les équipes de négociation, qui ne doivent pas se limiter aux responsables du département du commerce”.
Il s’agit également, de «négocier cette ouverture dans une logique de résilience», de manière à garantir une gestion macroéconomique d’un développement durable et une gestion microéconomique protégeant les petites entreprises et les petits commerces
Il ne faut pas d’après lui, “accepter certaines mesures proposées dans le cadre de ces négociations, à l’instar de celles relatives à la suppression des subventions sur les produits alimentaires”, tout en approuvant la suppression de la compensation sur l’énergie.
S’agissant de la substitution du système actuel des subventions par un autre système (par exemple, celui des bons), il a considéré qu’une telle décision risquait de créer un trafic parallèle et d’avoir un impact négatif sur le pays particulièrement, si cette suppression n’est pas mise en uvre progressivement, et n’est accompagnée de stratégies de développement de l’économie solidaire notamment dans les régions rurales.