Des représentants de la société civile présents à la conférence internationale du ministère de la Justice sur le thème « Le système pénitentiaire tunisien : La réalités et les perspectives », ont critiqué la situation dans les prisons en Tunisie, les conditions de garde à vue et les problèmes d’hygiène en milieu carcéral.
Tenue, lundi au Bardo, cette conférence était organisée avec le concours de la Fondation allemande pour la coopération juridique internationale et le Comité international de la Croix rouge. Dans une déclaration à l’agence TAP en marge de sa participation à cette rencontre de deux jours, le président de l’Association de juristes « Bariq » (lueur), Saber Hamrouni, a estimé que la situation sanitaire, les problèmes d’encombrement et les conditions de détention « ont empiré au lieu de s’améliorer ».
Président d’une des premières associations à avoir conclu avec le ministère de la Justice une convention pour l’observation des conditions de détention et des éventuels abus commis en milieu carcéral, lors de la première conférence en 2013, Hamrouni a déclaré en substance à ce propos : « Rien n’a changé dans les prisons tunisiennes entre les deux conférences.
Pis encore, nous sommes revenus au point zéro et le travail fait a été démoli ». De son côté, l’Association « Dignité au détenu Politique », Hassine Bouchiba, a déploré le peu d’intérêt accordé au travail fait par la Coordination créée depuis la première conférence.
« L’institution pénitentiaire, a-t- il dit, est très éloignée des standards internationaux. D’après le dernier rapport en date du Haut Commissariat aux droits de l’Homme, 53% des détenus dans les prisons tunisiennes ont pour statut la détention préventive, ce qui commande des mesures pratiques immédiates pour changer les textes, dans le cadre d’une vision plus évoluée”.
Bouchiba a surtout réclamé la refonte du Code pénal, surtout pour y introduire les peines alternatives applicables aux délits sans gravité. Le conseiller de la Fondation allemande de coopération juridique internationale, Mohamed Montassar Labidi, estime, au contraire, que les choses se sont améliorées dans les prisons depuis la conférence précédente.
Il a invoqué à ce propos la mise en place de toute une stratégie de réforme du système pénitentiaire, « stratégie que confirme la tenue de la présente conférence », a-t-il dit. Mais, pour donner ses fruits, cette stratégie demande du temps, a-t-il aussitôt ajouté. Le ministre de la Justice, des droits de l’Homme et de la justice transitionnelle, Hafedh Ben Salah, avait auparavant, souligné, à l’ouverture de la conférence, que ce travail vise à trouver des solutions pour améliorer le fonctionnement de l’institution judiciaire et lui permettre de s’acquitter de sa fonction première :
la rééducation et la resocialisation. Le ministre a également mis en évidence les avancées rendues possibles en la matière par la nouvelle Constitution, notamment pour ce qui est de l’imprescriptibilité des crimes de torture et de la garantie du droit du détenu à un traitement humain, garant de dignité.