“La corruption dans le domaine de l’énergie continue en Tunisie et s’est, même, aggravée davantage”, a indiqué samedi à Tunis, l’expert international dans le domaine de l’énergie, Ridha Maamoun.
Maamoun a précisé qu’il a porté avec l’avocate Faouzia Bacha Amdouni, 30 affaires de corruption dans le domaine de l’énergie, devant la justice, dans lesquelles un certain nombre de responsables sont impliqués.
Dans son intervention au séminaire organisé par la fondation Temimi pour la recherche scientifique et l’information, sur le thème “Pour que l’Etat et la société civile parrainent une feuille de route nationale de défense des richesses pétrolières spoliées par les sociétés”, l’expert a fait savoir que les affaires de corruption soumises à la justice sont étayées par tous les justificatifs et documents prouvant les actes de corruption.
Il a affirmé que “les mêmes personnes corrompues qui exploitent les richesses naturelles de la Tunisie, continuent leurs activités, sans encourir de sanctions”, soulignant que “les lobbies” qui contrôlent le secteur font de l’alarmisme, pour que la corruption ne soit pas dévoilée.
“Ces groupes de pression affirment à l’opinion publique, que les sociétés pétrolières vont quitter la Tunisie, en cas de la persistance des efforts visant à dévoiler la corruption dans le secteur”, a t-il ajouté.
L’expert a relevé que la plupart des sociétés pétrolières opérant en Tunisie ne répondent pas aux critères juridiques leur permettant d’obtenir un permis, soulignant que “ces sociétés ne sont pas actives en dehors de la Tunisie, alors qu’il s’agit là d’une condition juridique pour l’obtention d’un permis”.
Il a, par ailleurs, averti des risques encourus du fait de la prospection du gaz de schiste, lequels sont “catastrophiques pour l’être humain, les animaux, le sol et l’eau”, surtout que la Tunisie est un petit pays, à la superficie réduite.
Pour sa part, Faouzia Bacha a relevé que “plusieurs responsables de l’Entreprise tunisienne d’activités pétrolières (ETAP) et la direction générale de l’énergie créent après avoir démissionné de leurs fonctions, des bureaux de consulting pour les sociétés pétrolières opérant en Tunisie”.
“Cette situation contrevient à la loi et aux intérêts supérieurs du pays et porte atteinte à la renommée de l’ETAP qui occupe la 10ème place sur le continent africain, du point de vue des capacités financières”, a-elle avancé.
L’avocate a indiqué que l’ETAP dispose d’une base de données comportant toutes les informations sur les caractéristiques techniques des sites d’exploration pétrolière, pour lesquels aucun permis n’a encore, été octroyé.
Elle a fait remarquer que “l’ETAP a attribué 14 permis, dont Azmour, Bazma, Raf Raf, Faouar, Anakid, Bchater, Cap Serrat et autres, à des sociétés qui n’ont pas eu connaissance de cette base des données, ce qui signifie qu’il y a des responsables au sein de l’ETAP, qui utilisent leur pouvoir, pour servir leurs propres intérêts”.
Un autre expert dans le domaine de l’énergie, Mohamed Ghazi Ben Jmiâ a appelé, dans son intervention, à mettre fin aux abus au sein du secteur, à travers la création d’une commission d’experts, chargée d’examiner le processus d’octroi des permis, à partir du lancement de l’appel d’offre jusqu’aux opérations de tri et de sélection.
Il a demandé dans ce cadre, l’amendement des lois tunisiennes régissant le secteur des hydrocarbures pour qu’elles englobent l’activité des énergies renouvelables et permettent de mettre fin aux actes de corruption, à l’origine de la dilapidation des richesses du pays.