Andrew Alamando à la recherche des “voix perdues de Malte” en Tunisie

Andrew Alamango, fol amoureux de la musique de ses ancêtres maltais, a eu l’idée de creuser dans les trésors cachés dans les archives musicales des années 30 du Palais Ennejma Ezzahra, pour mettre à jour un patrimoine musical inégalé.

Invité mardi soir au Club culturel Tahar Haddad pour un débat animé par Hatem Bouriel en tant que modérateur et traducteur, Alamango se présente comme musicien ayant travaillé depuis un certain temps sur ses expressions musicales maltaises.

Ce jeune maltais est venu parler de ses recherches faites au palais Ennejma Ezzahra sur l’histoire de la musique maltaise.

Ayant fait des études de musicologie et des recherches dans le domaine du son et de la musique, Andrew fait référence à une motivation supplémentaire qu’est la “recherche identitaire mais également la recherche de soi”.

L’enfant de Malte fasciné par la musique de ses ancêtres

Extrêmement fasciné par la musique de ces ancêtres, il ne se suffit pas de jouer de la musique mais il essaie également, dit-il, de “continuer le travail du passé en tentant de l’intégrer dans la créativité d’aujourd’hui”.

La musique et la culture de la Méditerranée et la culture en général l’ont toujours impressionné même si, “l’Ile de Malte est trop petite pour contenir toute l’identité du peuple maltais” a-t-il avancé.

Son intérêt pour la musique atteint aussi la Méditerranée où il trouve des affinités tout autour du bassin méditerranéen en termes culturels et musicaux. Étant de gros voyageurs, les maltais à l’époque, rappelle Alamango, “se suffisaient d’un bateau pour traverser le Détroit qui sépare les deux pays et commencer une nouvelle vie en Tunisie”.

Les recherches d’Alamango concernent la période de l’entre deux guerres (les années 30) tout en essayant de retrouver ce qu’il appelle “les voix perdues de Malte”.

Ces voix perdues le renseignent sur le côté identitaire et culturel, dans une dimension plus large. Leurs mélodies reflètent, selon le musicien, une certaine proximité musicale et culturelle provenant de l’influence de la musique italienne ainsi que ces rapports au niveau des harmonies et des interprétations.

Ce qui est particulier dans cette musique, d’après Andrew, c’est qu’elle est “jouée et chantée dans le dialecte maltais et continue à être préservée par des secteurs des plus marginaux dans la société”.

Dans les tous premiers enregistrements qui se trouvent dans la chanson maltaise de cette époque, Alamango découvre qu’il existe une influence très forte en provenance de l’Italie avec des airs d’opéra et lyriques.

Alamango présente des disques qui, traditionnellement, étaient de 78 tours en format 35 centimètres et qui donnent près de trois minutes de musique.

Tunis et les Studios d’enregistrement dans les années 30

Autre constat d’Andrew, les enregistrements ont commencé avec Habib Fortunato, un juif tunisien qui a commencé ces enregistrements en 1931 en Tunisie.

Il présente également la liste des 15 premiers disques maltais qui ont été enregistrés en février 1931 à Tunis où sont logés les studios citant en particulier le disque “Ils sont arrivés, ils sont arrivés les disques nouveaux en maltais”.

Les musiciens de tous les pays et de toutes les confessions enregistraient chez Furtonato, témoigne-t-il. Maltais, italiens, arabes et juifs, étaient tous à Tunis et pouvaient enregistrer sous trois labels connus de l’époque.

Il présente les photos de ses deux chanteurs préférés de l’époque “mes héros que j’admire” ainsi que des enregistrements de leurs chansons balades avec leurs voix si particulières à savoir “El guerra el kbira” (la grande guerre).

La tradition de chant au niveau de la balade, c’est généralement des textes qui peuvent même revenir au 19e siècle et c’est des textes tristes parfois tragiques, explique Andrew qui parle également d’une autre tradition le “houne” (le chant) qui est de l’improvisation en termes de mots.

“Le voyage vers Tunis”, le titre d’un disque enregistré par le célèbre carabot qui contient des improvisations enregistrés sur le bateau menant à Tunis. Des chanteurs maltais venaient à Tunis pour enregistrer leurs chansons mais aussi pour chanter devant la communauté maltaise installée à Tunis.

Ma recherche au départ était sur la musique mais ça m’a permis d’aller dans tout l’environnement qui concerne ces disques: publicité, articles de presse, diffusion. Cela m’a donc permis d’aller à Tunis, Milan et en Angleterre.

“Il existe encore des disques en langue maltaise qui circulent en Tunisie” assure Andrew. Parlant de recherche, ce jeune maltais se dit intéressé par la manière de conserver mais aussi d’utiliser et de dynamiser “ce patrimoine musical retrouvé de toutes les voix perdues de Malte”. C’est pourquoi, il estime important que ces disques soient présents sur internet puisque les modes de consommation ont de nos jours changé.