La galerie Saladin à Sidi Bou Said a accueilli samedi dernier le vernissage de l’exposition de l’artiste tunisien Abdemajid El Bekri intitulée “Souvenirs et Reves au fil des jours”. Réunissant une cinquantaine de tableaux, l’artiste retrace également son parcours à travers des photographies, des poèmes et des coupures de presse.
50 années se sont écoulées depuis le 5 juin 1964: date marquée par la première exposition de l’artiste. Mais malgré l’évolution des oeuvres exposées, le personnage n’a pas changé pour autant ni le message qu’il transmet à travers sa peinture d’ailleurs.
C’est avec fierté qu’il présente au public le premier article paru sur lui: une interview avec le quotidien “La Presse” datée de 1964. “Si maintenant après 50 ans de carrière artistique, l’on me posait les mêmes questions, j’y répondrais de la manière puisque ma vision de l’art n’a pas changé à travers les couleurs et les formes c’est notre identité que je perçois et que j’essaye de raviver” a affirmé El Bekri dans une déclaration à l’agence TAP.
“Plusieurs artistes tunisiens après des séjours à l’étranger sont revenus avec des techniques nouvelles comme l’abstrait : c’est un champ que je considère très intéressant et que j’exploite moi-même mais à notre façon tunisienne, Arabe et Musulmane. Chaque arche ottomane, chaque minaret andalou et chaque calligraphie Koufi est une source d’inspiration inépuisable” ajoute-t-il.
Les oeuvres exposées attestent certainement des paroles de l’artiste : bien qu’abstraites, certaines ne peuvent qu’interpeller par leur touche orientale comme la trilogie intitulée “Conte oriental”.
L’on lit aussi sur une des coupures de presse exposées avec les oeuvres, un commentaire du quotidien français “Le Monde” daté de 1974: “dans la peinture d’El Bekri les couleurs foisonnent”. Mais l’on se rend bien vite compte que ce ne sont pas uniquement les couleurs mais également les cultures qui foisonnent dans l’art d’El Bekri. Très soucieux de conserver à la fois son patrimoine culturel Arabo-Musulman et de s’ouvrir au monde extérieur, le peintre réalise à travers chaque tableau un mariage parfait entre l’Orient et l’Occident, le traditionnel et le moderne.
// “J’édifie ma patrie, Je laboure au soleil, je Pétris la lumière, je Nourris l’espoir, je Sculpte la gloire…”
A 72 ans et avec plus d’une quarantaine d’expositions personnelles et collectives à son compte, Abdelmajid El Bekri est un peintre confirmé. L’on découvre également juxtaposés aux tableaux, des écrits de cet artiste aux multiples facettes: ce sont des vers qui nous transportent tout aussi bien que les couleurs envoutantes de ses peintures.
“J’édifie ma patrie, Je laboure au soleil, je Pétris la lumière, je Nourris l’espoir, je Sculpte la gloire…”(chant du martyr Abdelmajid El Bekri 1969)
A travers cette exposition Abdemajid El Bekri retrace son propre itinéraire et rend hommage aux rencontres qu’il a faites le long de son parcours à travers des photographies qu’il tient à placer lui même sur les murs de la galerie. “Habib Boulares, Mohamed Lamine Chebbi ou encore Hedi Turki sont des personnages qui m’ont marqué, mes photographies en leur compagnie me sont chères” dit-il sur un ton nostalgique.
Parmi les personnages qu’il a cotoyé c’est avec une voix émue qu’El Bekri évoque “Le formidable artiste injustement méconnu qu’a été son ami le peintre Amara Beddeche qui s’est suicidé et dont les oeuvres ont été malheureusement dispersées”.