Les représentants des associations de développement spécialisées dans les micro-crédits ont, au cours d’une conférence de presse, mercredi à Tunis, tiré la sonnette d’alarme quant à leur situation difficile et la dégradation des leurs conditions de travail.
Habib Messaoud, cadre dans une association, regrette “la négligence” des pouvoirs concernés à propos de la dégradation de la situation des associations de développement spécialisées dans les micro-crédits, notamment après la publication du décret 117 en date du 5 novembre 2011, relatif à l’organisation des activités des entreprises de micro-financement.
Il a affirmé que “ce décret représente une menace pour la pérennité des associations de développement”. Il s’agit là, selon lui, d’une tentative visant à transformer ces associations en entreprises de financement à but lucratif, ce qui s’oppose avec l’objectif même de leur création, à savoir l’aspect social et de développement.
De son côté, Lotfi Mabrouk a précisé que conformément au décret 117, les associations de développement ne peuvent désormais plus se constituer, ni se structurer, eu égard au manque de moyens financiers et logistiques qui leur permettent d’assurer leur continuité et de respecter leurs engagements envers leurs adhérents.
Il a fait observer qu’environ 650 cadres, diplômés de l’enseignement supérieur, et travaillant dans les associations de développement, sont aujourd’hui menacés de chômage, en raison de leur situation professionnelle précaire et en l’absence d’une loi qui les protège et garantit leurs droits.
Pour sa part, Olfa Hadj Amor a estimé que les associations de micro-finance constituent un acquis national qu’il faut préserver. Ces associations, a-t-elle ajouté, aident les catégories démunis à améliorer leurs conditions de vie et favorisent leur insertion dans le circuit économique, ce qui pose le problème de la responsabilité du gouvernement quant à l’avenir de ces associations, créées en vertu de la loi 67 de l’année 1999.
Pour dépasser cette crise, il faut, selon elle, que la Banque tunisienne de solidarité (BTS) place sous sa tutelle ces associations pour les transformer, ensuite, en agences locales spécialisées dans le micro-financement.
Elle a également appelé à la création d’une union nationale de développement et de micro-crédits sous forme d’organisation non gouvernementale qui travaille en partenariat avec les ministères concernés (ministère des Finances, ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi et le ministère des Affaires sociales). Elle a aussi appelé à intégrer les associations de développement octroyant les micro-crédits au sein de l’Union tunisienne de solidarité sociale.
A noter que 280 associations de développement octroyant les micro-crédits sont actuellement actives dans toutes les délégations et emploient 650 cadres diplômés, selon un document sur les associations de développement en Tunisie, présenté au cours de cette conférence de presse.