La faible coopération du ministère de l’intérieur avec la justice et les pressions politiques exercées sur les juges ainsi que leur manque d’expérience dans les affaires de torture sont les principaux obstacles à la lutte contre l’impunité, a indiqué Hélène Legeay, responsable des programmes Maghreb- Moyen Orient à l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT).
Dans une déclaration à l’agence TAP, vendredi en marge de l’ouverture d’une session de formation organisée au profit des avocats tunisiens autour de la collecte des preuves dans les affaires relatives à la torture, Hélène Legeay, a indiqué que la faible coopération du ministère de l’intérieur concerne les enquêtes liées notamment à l’instruction et à la communication des documents administratifs.
Selon la responsable de l’ACAT, les pressions politiques rencontrées par les juges chargés des dossiers des victimes de tortures ont fait l’objet d’une étude effectuée par l’organisation s’appuyant sur des témoignages de juges et de responsables.
«Les dossiers portant sur les cas de tortures sont négligés en raison de la surcharge du travail des juges et le manque de formation dans ce domaine», a-t-elle affirmé.
Face à la lenteur de la justice tunisienne, Hélène Legeay a fait remarquer que l’ACAT a transmis un dossier d’un cas tunisien de torture à l’organisation des Nations Unis, ajoutant qu’un deuxième dossier est en cours de préparation avec l’aide d’avocats tunisiens. L’organisation étudie également 14 autres dossiers dont le dossier de “Barakatt Al Sahel”.
Lors de l’ouverture de la session de formation, la présidente de l’association de lutte contre la Torture en Tunisie, Radia Nasraoui, a souligné que son organisation a pris en charge de 400 dossiers de torture.
Selon l’avocate, la poursuite de l’impunité est due à l’absence de réforme du système sécuritaire, judiciaire et pénitentiaire, en plus des défaillances présentes dans le décret de loi 106.
Radhia Nasraoui a souligné l’importance des mécanismes de prévention contre la torture, précisant que cela reste tributaire de l’indépendance et du courage de ceux qui sont chargés de les appliquer.
A noter que cette cinquième formation organisée par l’ACAT, l’Organisation contre la torture et l’impunité et Dignity Danish Institut Against Torture, a pour objectif de former les avocats dans les affaires relatives à la torture.
Des interventions de médecins légistes, des spécialistes dans le domaine du droit et de la documentation et de l’investigation dans les affaires de torture seront présentées tout au long des journées de formation qui se poursuivront jusqu’au 25 mai 2014.