Les grottes berbères appelées aussi villages de Montagnes dans la délégation de Sned (gouvernorat de Gafsa), témoignent des traces de civilisations humaines anciennes dans la région de Gafsa. Les richesses qu’elles recèlent retracent des centaines d’années d’histoires et de vie et interrogent la conscience humaine sur le devenir et la pérennité de ces oeuvres ancestrales.
Les Amazighes, premiers habitants des grottes, creusées par leurs ancêtres, ne tolèrent plus, à juste titre, qu’elles soient délaissées et qu’on continue d’ignorer leur valeur historique.
Qualifié de «Musée ouvert» par le chercheur et directeur de la maison de la culture, Mostari Boukthir, le village de montagne à Sned, situé à quelques kilomètres de la ville, est l’un des plus anciens endroits où se sont installés les premiers habitants.
Le village est composé de grottes, aménagées sur le flanc de la montagne. La superficie des grottes qui faisaient office de demeure, varie selon la grandeur des familles qui y habitaient. L’Institut national du patrimoine a recensé pas moins de 70 grottes à Jebel Dhahra dont neuf ont été réhabilitées par les services de l’Institut. Selon Mostari Boukthir, il n’y a pas que les grottes qui donnent la preuve que des hommes s’étaient installés à Jebel Sned depuis plus de 1200 ans. Les plateaux superposés dans la montagne rendent visibles les activités agricoles.
On continue jusqu’à aujourd’hui à appeler certains monts, lieux ou structures hydrauliques par leurs noms à consonance berbères comme «Jebel Takranoucht», «Bir (puit) Taghlanet» , maraa (paturage) Temska » et «oued Tamdwin». D’autres vestiges renseignent sur le mode de vie économique et social il y a 13 siècles. Ainsi «El Ksar» situé au sommet de Jbel Dhahra était le grenier des habitants ou on stockait figues, abricots, olives, blé et orge.
En outre les ruines attestent de l’existence de quatre huileries. Actuellement vingt cinq familles vivent au mont Sned après les vagues successives d’exode vers la ville, bravant toutes difficultés dont l’absence d’eau potable et la détérioration des pistes conduisant au village. Les habitants du village de Sned, interrogés par la correspondante de l’Agence TAP dans la région, ont formé l’espoir de voir leur village, connu pour son patrimoine historique et civilisationnel riche, devenir une destination privilégiée de tourisme culturel, permettant, ainsi de faire revivre certains métiers de l’artisanat connus dans cette région dont la confection du ”Margoum” et du ”Klim”.
Pour les membres de l’Association ”Douroub pour la culture et les arts” oeuvrant à la sensibilisation à la valeur historique et civilisationnelle du village berbère au Mont Sned, l’inscription des grottes sur la liste du patrimoine national et mondial constitue une priorité pour préserver ce site.
Le directeur régional de l’Institut National du patrimoine à Gafsa, Mondher Brahmi, a indiqué qu’il sera procédé bientôt, à l’élaboration d’un dossier pour garantir une protection juridique à ce site culturel. «Un plan d’action doit être élaboré pour assurer la promotion du tourisme culturel et mettre en valeur les spécificités archéologiques et civilisationnelles de cette région » a-t-il dit. Selon, Mostari Boukthir et Mondher Brahmi, l’emplacement stratégique des grottes berbères, constitue une partie indissociable d’un circuit touristique, qui s’étend à partir du Mont Sned au Mont Ayeicha de la délégation El Gtar, en passant par les villages des montagnes ”Boussaad” et ”Bou Omrane”.
“La création d’un village artisanal au mont Sned permettera aux habitants de la région de créer leur propre projets”, ont-ils souligné.