“Survivances” à la galerie El Marsa : Une installation de photos et de dessins sur “Le Mur” des souvenirs

“Survivances, c’est avant tout une mémoire personnelle qui s’ouvre sur un processus d’identification chez l’observateur”, c’est ainsi qu’a été présentée l’exposition collective d’art contemporain, dont le vernissage a eu lieu, dimanche, à la galerie El Marsa.

“El 7itt” (Le Mur), une collaboration artistique de trois jeunes artistes, Atef Maatallah, Fakhri El Ghezal et Nidhal Chamekh, ayant voulu extérioriser, avec leurs talents, leurs souvenirs, en les affrontant et en les criptant pour les immortaliser.

Se poursuivant jusqu’au 18 mai, l’exposition se veut une expérience unique et singulière sur le plan artistique, commune et universelle dans sa dimension humaine puisque chacun peut se retrouver dans ces fragments de souvenirs au moins une fois si ce n’est deux.

L’installation est un montage de 22 parties dont 17 photographies réalisées à partir d’un tirage argentique couleur sur papier Fine Art, et de deux diptyques et trois dessins faits avec un crayon sur papier consonne.

Des fragments de vie font ressurgir des souvenirs personnels de trois mains, trois amis, trois mondes où chacun des artistes se projette dans son univers laissant son empreinte personnelle pour enfin se fusionner ensemble dans des photos inédites et emmener l’autre avec eux comme dans une bande filmique.

Il ressort de ce projet partagé, une fusion et une complémentarité entre le dessin chez Chamekh et Maatallah et la photographie d’El Ghezal pour redonner vie à ce laps de temps déjà vécu mais perdu de vue.

Partis d’un passé lointain ou proche, les trois amis interpellent le regard et guident la mémoire vers un monde virtuel mais chargé d’émotion.

“Survivances” ou “ne se souviennent-ils pas” (afala yatathakkaroun, en arabe), perce la mémoire, traverse le temps et immortalise l’instant comme ce dessin de ce garçon à peine sorti de l’enfance, une image qui renvoie à un souvenir où beaucoup d’hommes peuvent s’identifier.

Aucune narration écrite n’accompagne ces dessins et photographies, d’où la forte dose émotionnelle qui se traduit à travers, les traits, les gestes et les espaces sur lequel les artistes semblent parier.

Ce mur, un lieu de pèlerinage (en référence au mur des lamentations) pour une mémoire collective toujours hantée par ses souvenirs d’enfance et d’adulte, ses sentiments d’exclusion et de partage, d’appartenance et de dépaysement.

Fakhri né en 1981 à Akouda (Sousse) où il vit toujours, est photographe, vidéaste et plasticien dont le travail valse entre euphorie documentaire et fiction.

De même âge, Atef, originaire de Fahs (Zaghouan), est résident à la Cité internationale des Arts à Paris. Il revisite les codes de la figuration narrative dans son oeuvre qui apporte une vision réaliste parfois acerbe sur la Tunisie et le Monde.

Tous les deux, ont déjà participé à des expositions nationales et internationales et sont également membres actifs du collectif “Politics” qui expose à Tunis et à l’étranger. Leurs oeuvres font partie de collections publiques et privées en Tunisie, en France, en Allemagne et au Moyen-Orient.

Le plus jeune d’entre eux est Nidhal, né en 1985 à Dahmani (Le Kef), est un artiste plasticien qui réalise actuellement sa recherche Doctorat à la Sorbonne. Sa recherche plastique se déplace autour de formes complexes et fragmentées. Il utilise la technique de montage dans une sorte d’archéologie sociale et culturelle des images.

Les trois font leur flash-back commun. Q’importe le lieu de naissance si ce qu’on expose est intimement lié à l’humanité qui nous habite tous pour afficher une certaine particularité, une singularité et une individualité.

Aux parcours artistiques différents mais issus de la même école, celle des Beaux Arts de Tunis, le trio est en train de creuser un chemin dans le domaine de l’art contemporain.

C’est là l’essence de toute oeuvre qui se veut subjective et altruiste à la fois en donnant sens au partage visuel et émotionnel.

Cette exposition, avec une tournée dans d’autres galeries, a donné le clap de fin de la manifestation Jaou 2014 organisée par la Fondation Kamel Lazaar avec le soutien de l’Institut Français de Tunisie (IFT).