L’article 23 prévoyait un quota (d’un siège par liste dans les circonscriptions ayant plus de trois sièges) pour les jeunes de moins de trente ans. Mais aucun quota pour les têtes de liste n’a été octroyé pour les femmes, malgré un consensus annoncé la veille. Le principe de parité horizontale avait été d’ores et déjà rejeté». Comme quoi, il ne suffit pas qu’un Ghannouchi relooké et bien conseillé se présente sur Nessma pour rendre hommage aux femmes pour qu’on le croie sur parole. La misogynie est un état d’esprit répandu chez les frères musulmans et ce n’est pas demain la veille que cela changera.
Des frasques orchestrées
Le vote de l’article 23 sur la parité a été, comme tout le monde le sait, interrompu par la mauvaise prestation du constituant Gassas: «Nous considérons d’ailleurs que le fait que la 1ère vice-présidente de la Constituante lui ait accordé à lui la parole, alors que nombreux étaient ceux qui la sollicitaient, n’est pas un fait du hasard. Tout comme le fait qu’on l’ait laissé parler à son aise après cette démonstration piteuse en public», regrette Samir Taieb.
Il a d’ailleurs insisté sur le fait que ce qui s’était passé à la Constituante en ce moment précis était parfaitement orchestré et qu’il était grand temps de dissoudre une Constituante qui n’a plus lieu d’être. «Le comité de contrôle et d’évaluation pourrait parfaitement assurer le rôle de garde-fous pour le gouvernement. D’autant plus que nombre de députés semblent être plus préoccupés par leurs salaires de fin de mois que par la Tunisie. Et pour preuve, lorsqu’Ahmed Brahim a appelé les députés de l’ANC à réduire volontairement leurs primes du mois en cours, la majorité des blocs parlementaires a refusé».
Comme quoi dès qu’il s’agit d’argent, les sentiments patriotiques disparaissent.
Al Massar présentera un recours au Conseil constitutionnel par rapport à l’article 23, anticonstitutionnel, puisque l’article 46 de la Constitution sacre le principe de parité: “L’Etat œuvre à réaliser la parité entre la femme et l’homme dans les assemblées élues”, mais le recours concernera également le financement des partis par les fonds publics et le vote des agents de sécurité et du corps de l’armée.
Nous attendons de Mehdi Jomaâ de l’audace et du courage
Soulevant la question de l’exercice gouvernemental, Samir Taieb a rappelé qu’Al Massar a toujours apporté son soutien aux différents gouvernements qui se sont succédé depuis le 14 janvier sans aucune considération d’ordre idéologique. «Ce que nous jugeons et nous évaluons, ça n’est pas les convictions et les idées mais plutôt les réalisations et les décisions de nature à servir les intérêts du pays. Nos critiques ne sont ni destructrices ni gratuites. Nous n’avons d’ailleurs jamais convoqué un seul ministre pour questionnement à l’assemblée».
Faisant allusion à la convocation prochaine des ministres Sfar et Karboul en plénière à la Constituante, le porte-parole d’Al Massar a indiqué que personne n’est dupe du fait que le premier visé soit le ministre délégué chargé de la Sécurité, Ridha Sfar. «Ce monsieur, qui commence à remettre de l’ordre au ministère de l’Intérieur, dérange et c’est ce qui explique tout ce branle-bas mis en place pour le déstabiliser. Ce qui est surprenant c’est que les raisons invoquées seraient la crainte d’une normalisation avec Israël à cause de quelques croisiéristes alors que ceux-là mêmes qui crient fort aujourd’hui ont refusé de voter l’article interdisant des relations diplomatiques avec l’entité sioniste. Le jeu est clair, ne laissons pas un ministère de souveraineté retomber sur ses pattes mais veillons à ce qu’il continue comme ça a été le cas avec les gouvernements précédents. Pour nous, c’est inadmissible».
Pour Jounaidi Abdeljaoued, il est aujourd’hui capital que Mehdi Jomaâ ose prendre les décisions qui vont dans le sens de servir les intérêts du pays et non de préserver les susceptibilités des uns et des autres. «Nous le prions de faire preuve de plus de courage et d’audace, de respecter les clauses stipulées par la Feuille de route concernant les nominations, à commencer par son propre cabinet, la neutralité de l’administration et celle des mosquées, le renforcement de la sécurité et la vérité sur les assassinats politiques. Tout ce que nous demandons est qu’il avance plus rapidement dans le processus de réalisation de ses engagements».
Il est une qualité que l’on ne peut reprocher au parti Al Massar, c’est qu’il ne navigue pas à contre-courant de la volonté populaire et surtout pas au gré des vagues ou des sondages d’opinion. C’est rassurant et sécurisant pour les Tunisiens qui assistent attristés à la déchéance d’autres partis, dont les leaders sont obnubilés par leurs ambitions personnelles à tel point qu’ils ont fini par oublier le plus important: le drapeau tunisien.