Un grand nombre de représentants de la société civile, d’associations et d’organisations tunisiennes et étrangères se sont mobilisés, mercredi, pour soutenir des proches des martyrs et blessés de la révolution en grève de la faim depuis le 24 avril dernier.
Une douzaine de personnes observent cette grève dans un appartement de la capitale, pour protester contre les jugements prononcés, le 12 avril dernier, par la cour d’appel militaire de Tunis.
En raison de la détérioration de leur état de santé, 6 grévistes ont suspendu cette action. Les grévistes et les représentants de la société civile ont dénoncé le mutisme du gouvernement, de la présidence de la République et de l’assemblée nationale constituante face aux revendications des familles des martyrs et blessés de la révolution.
Samia Mhimdi, membre de l’association “Lan Nansakom” (on ne vous oubliera jamais) qui organise ce mouvement de protestation et soeur du martyr Hichem Mhimdi, a indiqué à l’agence TAP que les grévistes revendiquent toute la vérité sur les commanditaires des assassinats pendant la révolution, l’ouverture d’une enquête sur les circonstances et les raisons qui ont abouti à la prononciation des jugements qu’ils ont qualifiés d'”injustes”, la prise de mesures urgentes pour lutter contre l’impunité et le retrait de tous les dossiers des martyrs et blessés de la révolution de la justice militaire.
Pour sa part, Charfeddine Kellil, avocat des martyrs et blessés de la révolution a fait savoir qu’une campagne sera lancée, prochainement, pour retirer à la justice militaire, tous les dossiers des martyrs et blessés de la révolution et de les soumettre aux juridictions civiles.
Il a ajouté qu’à l’initiative de plusieurs organisations de la société civile, un comité de réflexion a été formé pour examiner de la possibilité d’amender l’article 22 de la loi 82 relative au statut des forces de sécurité intérieure qui stipule que les affaires relatives aux crimes commis par les agents de l’ordre public lors des manifestations doivent être soumises à la justice militaire. “Il s’agit, en outre, de proposer l’amendement de l’article 4 de l’année 1969 relatif aux manifestations”, a-t- il dit.
De son côté, Massoud Romdhani, vice-président de la ligue tunisienne de défense des droits de l’homme a souligné qu’un groupe d’avocats a été chargé d’examiner les moyens de s’opposer légalement aux jugements prononcés.
“Nous plaidons en faveur d’un procès équitable qui condamne les coupables et rend justice aux familles des martyrs et aux blessés de la révolution”, a-t-il indiqué. Kalthoum Kannou, ancienne présidente de l’association des magistrats tunisiens, venue soutenir les protestataires, a déclaré que “la justice n’a pas assumé pleinement son rôle”, ajoutant qu'”Il ne suffit pas de prononcer des jugements, encore faut-il dévoiler toute la vérité sur les circonstances des assassinats et leurs commanditaires”. Elle a appelé les ministères de l’intérieur et de la défense à être coopérants et à fournir les informations nécessaires, indiquant que toute partie qui refuse de donner une information sera accusée de complicité.
L’air fatigué, épuisé et affaibli, Mohamed Snoussi, blessé le 28 janvier 2011, était allongé sur un matelas à même le sol. Il est à son 14ème jour de grève de la faim. Son état de santé se dégrade de jour en jour selon, le comité médical. “Nous avons supporté les douleurs physiques et morales, l’humiliation, la maltraitance et l’ingratitude de la part du gouvernement et des membres de l’assemblée nationale constituante mais ce qui nous a le plus fait souffrir c’est le verdict qui a innocenté les coupables”, s’est-il exprimé avec regret.