La mise en place d’un plan d’action national (PAN) de lutte contre le travail des enfants en Tunisie (composantes et objectifs) a fait l’objet d’un atelier organisé, mardi à Tunis.
Ce plan constitue un ensemble d’objectifs, de programmes et d’actions intégrées et coordonnées menées dans le but de prévenir et d’éliminer certaines formes du travail des enfants et d’identifier d’une manière plus précise et réaliste, la nature et l’étendue de ce phénomène, a indiqué Ahmad Ammar Youmbai, ministre des affaires sociales à l’ouverture des travaux de l’atelier.
Il permettra de diagnostiquer, d’une manière concrète, la situation du travail des enfants en Tunisie à travers des enquêtes planifiées sur les familles pauvres et défavorisées, a-t-il ajouté.
Le plan permettra, aussi, d’identifier les champs d’intervention, les rôles et les responsabilités des parties concernées, les ressources et mécanismes de mise en oeuvre du plan et d’assurer le suivi et l’évaluation des indicateurs, a-t-il dit. Youmbai a rappelé que l’article 46 de la nouvelle constitution stipule que “l’Etat s’engage à assurer toutes les formes de protection, sans discrimination, conformément à l’intérêt supérieur de l’enfant”.
L’élaboration de ce programme, qui constitue une première en Tunisie, a été lancée par le ministère des affaires sociales, en 2013, en collaboration avec le Bureau international du travail (B.I.T) et le programme international pour l’abolition du travail des enfants (IPEC).
il vise à mettre en place une politique nationale de lutte contre le travail des enfants pour éliminer le travail des enfants de moins de 16 ans et de protéger les enfants travailleurs âgés entre 16 et moins de 18 ans. Par ailleurs, le représentant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Tunisie, Goerges Gonzales, a indiqué que la question du travail des enfants a été longtemps passée sous silence et que les enfants qui travaillent sont souvent employés dans les secteurs informels.
“Le travail des enfants, d’après les législations nationales et les normes internationales, consiste en les taches accomplies par un enfant n’ayant pas l’âge requis et qui sont susceptibles de porter atteinte à son éducation” a-t-il rappelé. Il a ajouté que la prévention du travail des enfants commence, essentiellement, par la lutte contre l’échec et l’abandon scolaire.
De son côté, Malek Ben Chakroun, représentante de l’Organisation Internationale du travail (BIT) a insisté sur l’importance de la coordination entre les différents acteurs nationaux et internationaux pour faire face à ce phénomène en associant les enfants eux mêmes à ce processus. Mouldi Jendoubi, secrétaire général adjoint de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a précisé à cette occasion que les droits des enfants figurent au coeur des préoccupations de l’organisation syndicale.
Dans le cadre de cet atelier, une analyse législative et institutionnelle sur le travail des enfants en Tunisie a été présentée (réalisée fin décembre 2013), comprenant le recueil des outils juridiques et législatifs existants et l’analyse de leur application, les structures existantes et les acteurs impliqués.
Cette étude montre que le droit Tunisien, lié directement ou indirectement au travail des enfants, se caractérise par un ensemble de points positifs mais connaît toutefois certains lacunes qui freinent sa mise en application et surtout à son efficacité.
L’absence d’une véritable stratégie de lutte contre le phénomène peut être constatée à travers plusieurs éléments dont notamment le cadre juridique inachevée, l’existence de plusieurs intervenants, la méconnaissance de la réglementation et des structures et enfin le manque de moyens humains et matériels, selon l’étude.
Par ailleurs, les organisateurs ont indiqué qu’une étude qualitative a été réalisée sur les conditions de vie et de travail des enfants dans le secteur domestique dans les régions de Jendouba et Bizerte. L’élaboration du PAN est également accompagnée par des actions de sensibilisation et de mobilisation sociale contre le travail des enfants.