«En parturition, la montagne a accouché d’une souris (تمخَّضَ الجبلُ فولد فأراً)», dit un proverbe arabe. Comme quoi, la grandeur n’est pas physique mais morale et mentale.
«Hamdi Ould Mouknass était ministre des Affaires étrangères (1968-1978) à l’époque de Mokhtar Ould Daddah. Le 10 juillet 1978, il assistait à un sommet de l’OUA à Khartoum et apprit le renversement de son président par une junte d’officiers. Il sauta dans le premier avion pour Nouakchott. Les militaires l’attendaient au pied de la passerelle. Avant de les suivre, direction le camp d’internement, il demanda à parler à leur chef et lui remit les 10 millions de dollars qu’un émir du Golfe lui avait donnés, avec ce commentaire : «Cet argent revient à la Mauritanie, faites-en bon usage».
Il passera deux ans dans les geôles militaires. Il est décédé le 15 sept. 1999. Il aurait pu rendre le don au donneur au lieu de les transmettre à la junte putschiste. Il aurait fort bien pu disparaître en exil avec son viatique. il a préféré mourir honnête. Il reste aujourd’hui encore un cas exceptionnel qui mérite d’être cité, point. Il n’est pas unique, certes mais rarissime dans ce monde convoité et surtout dans le marécage nauséabond de la politique.
Chez nous, nous ne connaissons que Ali Laarayedh qui, paraît-il, fut chef du gouvernement sans salaire. Oui, mais combien ça gagne un chef de gouvernement, un ministre ou un secrétaire d’état en Tunisie ? Chut, chut, chut. Secret d’Etat !
Si on en croit Béji Caïd Essebsi d’après sa déclaration en 2011, le Premier ministre devrait toucher «6.000 DT net par mois». D’après Mongi Marzouk, ministre des Technologies, un ministre touche 4.500 DT net. Enfin, d’après Slim Amamou, un secrétaire d’état touche 3824 DT net par mois. Ajoutons les «quelques indemnités» et les «quelques avantages» en nature «bio» et en «ogm» (une carte téléphonique de 100 DT, 20 bons de 20 litres d’essence( par mois, pour Madame et les chers petits), voiture et chauffeur, voyages gratis, pour Monsieur) et les «cadeaux» de toute sorte. Oui, mais pourquoi «un conseil ministériel tenu, vendredi au palais du gouvernement à la Kasbah, a décidé de réduire de 10% les salaires des ministres, des secrétaires d’Etat et des fonctionnaires ayant ce même grade, a déclaré M. Nidhal Ouerfelli » ?
C’est pour «sauver la Tunisie de la faillite» annoncée par Mehdi Jomaa, c’est le PATRIOTISME. Pardi !
La Tunisie n’est pas en faillite mais en difficultés conjoncturelles causées par l’Ugtt et le gouvernement Essebsi. Passons et admettons «la faillite». Oui, mais cet acte d’abnégation du gouvernement Jomaa, combien rapportera-t-il à l’Etat ?
10% de 6000 = 600 ; 10% de 4500 = 450 ; 10% de 3824 = 382,4. Nous avons 21 ministres et 7 secrétaires d’Etat. Ce qui nous donne : 600+(450×21)+(382,4×7) = 12726,8 DT par mois, soit 32121,6 DT par an. OUF, HOURRA, la Tunisie est sauvée de sa «faillite» avec seulement 32 millions de dinars!
Hé, n’oublie pas «que les membres du gouvernement souscriront à l’emprunt obligataire national à hauteur de 10% de leurs salaires». Lequel de leur salaire mensuel ou annuel ? N’oublie pas, toi, que c’est un emprunt avec intérêt de 7%, c’est de l’épargne personnelle et ils y sont gagnants, ce n’est pas un acte patriotique, c’est de l’argentéisme. D’accord, et «à partir du 01 juin 2014, une prime financière sera accordée en remplacement des bons d’essence, avec une réduction de 10%», hein ? Ah, 10% de «20 bons de 20 litres d’essence (400 litres d’essence)», c’est donc 40 litres en moins ne suffisant même pas à une mobylette 203 pour une petite virée! Non, mais j’y pense : comment Jomaa va-t-il mettre en application ces décisions ? La seule manière légale est que lui, ses ministres et ses secrétaires d’état se désistent officiellement par écrit auprès du ministère des Finances de ces «10%» de leurs salaires mensuels. Ou alors, une loi doit être votée par les voraces et voleurs de l’ANC, ce qui n’est pas certain car c’est un mauvais exemple pour ces lascar(e)s. Oui, mais alors que faire ?
Le haut de la pyramide étatique doit donner l’exemple. L’exemple vient d’en haut, il descend toujours et ne monte jamais.
* Le président de la République ne doit plus avoir de salaire et le budget de la présidence doit être revu à la baisse.
* Ben Jaafar et les coyotes du palais du Bardo ont eu plus qu’ils n’en espéraient et beaucoup plus qu’ils n’en ont fait. SUFFIT.
* Le chef du gouvernement et beaucoup des ministres ont d’autres entrées. Ils ne manqueront de rien s’ils se désistent de leurs salaires.
* Le gouvernement doit oser s’attaquer à Bouchamaoui et à tous les hommes d’affaires pour qu’ils paient les taxes et restituent leurs dettes. Il est inacceptable que deux personnes soient endettées d’un MILLIARD et que le gouvernement se taise.
* Il est temps de regarder de près les finances de la pieuvre Ugtt.
* Le circuit de distribution est l’un des principaux fléaux économique. Plus on tarde à l’assainir, plus les prix augmentent et l’inflation grimpe.
Pas d’économie sans agriculture, pas d’économie sans bâtiment, pas d’économie sans consommation, pas de consommation avec la hausse des prix.
N’est-ce pas mieux que d’aller mendier les ziftdollars, les euros et les siondollars d’Obama ?
Commentaire de Amad salem à l’article