Les journalistes tunisiens ont fêté, ce samedi, la Journée mondiale de la liberté de la presse. L’évènement a été marqué par une manifestation festive symbolique par laquelle ils ont tenu à célébrer l’acquis de liberté qui leur a été offert par la Révolution.
Ils n’en ont pas moins mis en garde contre les périls qui guettent la profession, en particulier ceux représentés par “les milieux de la corruption économique, de l’argent politique et de l’extrémisme religieux”. Ces périls sont allés jusqu’aux menaces de mort.
“Nous bénéficions certes d’une grande marge de liberté, mais de nombreuses appréhensions subsistent encore en l’étape actuelle”, a souligné le président du Syndicat national des journalistes tunisiens, Néji Bghouri, lors d’une rencontre qui a rassemblé au local du SNJT des dizaines de journalistes, mettant en gardes contre les ravages “de l’argent politique et de l’argent sale ainsi que les groupes religieux radicaux”.
Cette journée se veut celle de la solidarité des journalistes et celle de la solidarité entre eux et les organisations de la société civile qui défendent les libertés et les droits de l’Homme. Elle est, aussi, l’expression de l’attachement aux règles et à la déontologie régissant la profession de journaliste.
“Nous n’avons d’autre arme que notre solidarité et notre engagement professionnel”, a dit Bghouri à ce propos, assurant que le nouveau bureau exécutif élu le 19 avril dernier a “un programme cohérent pour contrer les violations” et ” a besoin d’établir des alliances avec les militants des droits de l’Homme, les avocats et autres”…
La rencontre a été marquée par la présentation du rapport annuel du syndicat des journalistes, désormais connu sous l’appellation de “Rapport des libertés”. Il y est souligné, d’entrée, que la liberté de presse et d’information figure en tête des acquis de la révolution tunisienne.
“Après des décennies de restrictions imposées aux journalistes et aux médias, la révolution du 14 janvier a offert une marge sans précédent de libertés dont la profession est parmi les principaux bénéficiaires”, lit-on dans la préambule. Le rapport fait en outre état des convoitises que nourrissent les partis politiques, les lobbies financiers et autres groupes religieux radicaux à l’endroit de la presse.
La secrétaire générale adjointe du SNJT, Aida Hichri, a détaillé au cours de la rencontre les cas d’abus moraux et matériels recensés par le rapport, de même que les restrictions subies par les journalistes dans l’accomplissement de leur métier. 200 cas d’abus dont ont été victimes quelque 450 journalistes ont ainsi été relevés au cours de l’année écoulée, “sans compter les violations n’ayant pas fait l’objet de plaintes”.
Le rapport fait également état de 12 cas de menace de mort. Par ailleurs, l’ONG Reporters sans frontières publie pour la première fois une liste de “100 héros de l’information”. Néjiba Hamrouni, présidente sortante du SNJT et Fahem Boukaddous, journaliste et défenseur des droits de l’Homme, y figurent.
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