Tunisie : Conférence sur les élections et la neutralité de l’administration

Les participants à la conférence sur « les élections et la neutralité de l’administration » tenue samedi, à Tunis, ont convenu de l’impératif de garantir la neutralité de l’administration avant la tenue des élections présidentielle et législatives, conformément à l’article 15 de la nouvelle Constitution.

Le président de l’Union tunisienne du service public et de la neutralité de l’administration, Abdelkader Labbaoui, a, à cette occasion, présenté une proposition de charte pour l’ISIE (Instance supérieure indépendante pour les élections) garantissant les critères minima d’organisation indépendante des élections.

Il a évoqué, plus précisément, l’indépendance de l’ISIE et son autonomie de décision. De son coté, le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Kacem Afiaa, a plaidé pour la révision des nominations partisanes, notamment, dans le corps des gouverneurs, des délégués et des membres des délégations spéciales, outre les nominations opérées au sein du ministère de l’intérieur, des ambassades et des consulats.

Quant au président du mouvement Nidaa Tounes, Béji Caid Essebsi, il a plaidé la nécessaire révision des nominations effectuées dans l’administration tunisienne, depuis les élections du 23 octobre 2011.

Son argument est que “ceux qui ont été portés au pouvoir par ce scrutin se sont comportés comme s’ils devaient y rester durablement”.

Il n’est pas “envisageable de garantir des élections impartiales et transparentes tant que la neutralité de l’administration n’est pas assurée et ces nominations révisées”, a-t-il ajouté, parlant de nominations “par milliers”.

Caid Essebsi a reproché au gouvernement actuel son peu d’empressement à réviser ces nominations, doutant qu’il puisse le faire avant la fin de l’année en cours.

Tout en se rangeant à l’idée relative à la nécessité d’assurer la neutralité de l’administration et de réviser les nominations qui y ont été opérées, le président du Mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a appelé à appliquer aussi ladite révision à toute la période où l’administration était aux ordres d’un pouvoir corrompu”.

Il s’est dit favorable à toute mesure visant à assurer la neutralité de l’administration et à la tenir éloignée des contingences politiques “par la mise en place de critères applicables à l’ensemble des personnels de l’administration”, sans exclusive. Le secrétaire d’Etat auprès du chef du gouvernement chargé de la gouvernance et de la fonction publique, Anouar Ben Khelifa, a réaffirmé, quant à lui, que le gouvernement remplira tous les engagements pris en ce qui concerne l’application de la feuille de route, indiquant que la révision des nominations était en cours d’une manière méthodique, sur la base de “la compétence comme critère de nomination et de limogeage”.

Pour ce qui est de la réforme du service public de l’administration, il a précisé que le gouvernement avait commencé à fixer de nouvelles règles pour le fonctionnement de l’administration publique en procédant à des refontes aux niveaux législatif et institutionnel. L’idée est de passer du concept classique de réforme administative à celui de la gouvernance de l’administration, a-t-il dit.

De nombreux partis et organisations de la société civile ont pris part à cette conférence organisée par l’Amicale des diplomés du cycle supérieur de l’ENA et l’Union tunisienne du service public et de la neutralité de l’administration.