Lorsqu’un Azad Badi, député Wafa, estime que la question de l’entrée d’une centaine de touristes israéliens en Tunisie, lesquels, en passant, sont obligés de laisser leurs passeports à la police frontière, doit supplanter une plus grande cause: celle de sauver le pays de la faillite, de classer les priorités et s’attaquer au plus important et surtout de chercher une sortie de crise honorable pour une Tunisie mise en pièce par une Troïka incompétente, nous sommes en droit de nous interroger sur l’utilité d’une Constituante qui coûte trop cher au contribuable et lui nuit plus qu’elle ne le sert.
Nous sommes également en droit de poser les questions suivantes:
– D’où nous viennent ces constituants élus à la hâte par un peuple enivré par une révolution qui n’a pas réellement eu lieu, car celle qu’il a rêvée devait permettre d’employer ses enfants, de redynamiser l’économie et d’intégrer les régions dans les priorités de l’Etat en matière de développement?
– Croient-ils vraiment que quelques dizaines d’Israéliens, débarqués par obligation de bateaux de croisière transportant des milliers de personnes et dont le tampon de la police tunisienne n’est même pas apposé sur leurs passeports, risquent de normaliser les relations de la Tunisie avec Israël (sic)? Pourquoi relèguent-ils les véritables problématiques nationales derrière d’autres dépassées dans le temps et l’espace et surtout sans fondement réel?
– Ces constituants passés maîtres dans l’art de la diversion, car incapables de discuter des véritables maux du pays, incapables de proposer des solutions au chômage, à la régression économique, à l’inflation, à l’appauvrissement des classes moyennes, à la dégradation des services de santé et ceux de l’éducation nationale, ont-ils été élus pour défendre les hauts intérêts du pays ou pour noyer la place publique dans de faux problèmes parce que leurs limites intellectuelles ne leur permettent pas d’offrir des alternatives ou de concevoir des projets sociétaux valables et viables?
– Le contribuable tunisien se saigne-t-il les veines pour assurer leurs salaires -payés ce dernier mois grâce à un prêt contracté auprès d’un pays voisin-, et hypothèque l’avenir de sa progéniture pour qu’ils consacrent des séances entières à discuter de la nécessité de la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie et de la condamnation des procès à l’encontre des islamistes en Egypte? Pourquoi ne pas discuter du sexe des anges tant qu’ils y sont?
– Sommes-nous, nous Tunisiens, peuple éduqué et instruit, obligés de tolérer l’impolitesse et la vulgarité d’un ignare comme Brahim El Gassas, supporter son hystérie et le voir humilier les membres d’un gouvernement doté de diplômes dont il n’a jamais entendu parler de sa vie?
– Serait-ce pour cela que ces constituants ont été élus? Ou tout juste pour mettre en place une Constitution et débarrasser le plancher nous épargnant un trop plein d’ignorance, d’arrogance et d’attitudes par trop grossières pour être supportables?
Grande serait la déception des Tunisiens si le chef du gouvernement se soumettait à la dictature de ces députés dont nombre sont illettrés, vindicatifs et opportunistes, et envoyait ses ministres subir leurs délires…
Sami Remadi, président de l’Association tunisienne pour la transparence financière, avait déclaré à maintes reprises que l’Assemblée nationale constituante (ANC) a perdu sa légitimité depuis octobre 2012, et qu’elle est en fin de mission. L’ANC n’a donc aucunement le droit d’opposer des motions de censures aux ministres issus du dialogue national. Mais même si ce n’est pas «légalement» le cas, pourquoi une grande partie de cette Assemblée se distingue par autant de médiocrité, une capacité illimitée de nuisance et une impossibilité à être des bâtisseurs…?