Cela faisait longtemps que les touristes de confession juive de différentes nationalités y compris israélienne venaient en Tunisie visiter leur lieu saint la «Ghriba» sans jamais avoir été inquiétés, outre mesure, par les Tunisiens connus pour leur tolérance ou par les autorités sécuritaires qui les protégeaient.
La Ghriba, pour ceux qui l’ignorent, figure parmi les monuments les plus importants du judaïsme, de nombreuses traditions et croyances estimant qu’elle contiendrait des restes du Temple de Jérusalem. Elle fait partie intégrante de l’histoire de la Tunisie ayant existé bien avant la conquête arabo-musulmane du pays et surtout elle offre à l’île de Djerba l’occasion et l’opportunité de recevoir chaque année des milliers de pèlerins qui y suscitent une dynamique socio-économique revitalisante.
Qu’un syndicat de police prenne position pour ce qui est de la visite des pèlerins israéliens à leur lieu saint pose nombre d’interrogations. Tout d’abord, quant à son rôle de syndicat défenseur des droits de ses affiliés et se prévalant de l’obligation de réserve et de neutralité absolue. Personne ne lui a demandé son avis, et même s’il doit intervenir, c’est dans le cas où la sécurité de l’Etat est menacée et ce en concertation avec l’autorité de tutelle.
En tant que membre d’un gouvernement gérant une situation socio-économique critique et conscient des enjeux d’une telle action sur notre économie, pourquoi Lotfi Ben Jeddou, ministre de l’Intérieur, n’a pas pris sur lui-même de mettre au pas ce syndicat qui a outrepassé ses prérogatives en lui rappelant ses devoirs envers le pays et les limites des actions qu’il doit entreprendre?
Quel danger pour la sécurité de notre pays si nos ministres commençaient à tenir des postures complaisantes face à leurs syndicats et qui plus est les syndicats de police!!!
Pire, le fait est que tous les hauts responsables du ministère de l’Intérieur et de la police des frontière savaient depuis belle lurette que des touristes israéliens visitaient la Ghriba avec une autorisation spéciale puisque nous n’avons pas de relations diplomatiques avec Israël. Cela se passait en catimini, ni vu ni connu. Alors pourquoi choisir les faux-semblants lorsque la fameuse « révolution de la liberté et de la dignité » exige, entre autres, franchise et transparence? Pourquoi en vouloir au ministre délégué à la Sûreté nationale qui n’a fait que continuer sur la lancée de ses prédécesseurs en toute clarté et sans jouer la comédie, et à la ministre du Tourisme qui ne fait que son travail en veillant à la relance du secteur touristique? Un secteur, grand pourvoyeur de l’Etat en devises, qui emploie plus de 400.000 personnes et qui fait par conséquent vivre près de 2 millions de Tunisiens. Est-ce parce que ces deux personnes dérangent? La première, en voulant rétablir l’ordre dans un ministère dont le désordre est presque chaotique; et la deuxième, parce qu’elle ne répond pas exactement aux profils des femmes qui plairaient à un Abderraouf El Ayedi ou à un Azad Badi, elle serait trop intelligente, prendrait trop d’initiative ou aurait trop de personnalité…
De «l’interrogatoire» à la destitution…
Donc de la convocation à l’ANC pour «interrogatoire», les députés inquisiteurs sont passés à la demande de destitution des ministres… Comble de la bêtise et de l’ignorance de la chose économique reflétée par la déclaration de Issam El Chebbi d’Al Joumhouri. Un parti qui n’a pas encore digéré ses nombreuses débâcles. «Le marché israélien est un prétexte pour normaliser les relations de la Tunisie avec les sionistes». Ridicule ! Parce que ce monsieur ne savait pas que chaque année, il y avait des Israéliens qui visitaient la Ghriba? Ou avait-il, lui, besoin d’un prétexte pour refaire surface dans les médias? Issam Chebbi ignore-t-il que les TO les plus importants sont possédés par les Juifs? Que les places financières les plus importantes le sont aussi et que McCain et Lieberman sont les premiers à avoir atterri en Tunisie pour veiller à ce que lui et ses «compagnons de lutte», Ennahdha compris, soient aussi aux devants de la scène politique? Ne sait-il pas qu’ils sont les fervents défenseurs de l’entité sioniste? Ignore-t-il que le rôle de la Constituante est pratiquement achevé et que dans un pays qui se respecte, les constituants n’ont plus droit au chapitre puisque c’est le Dialogue national qui a amené ce gouvernement et non leur intelligence politique collective?
Mehdi Jomaâ, pour sa part, a d’autres chats à fouetter et a surtout un pays à redresser avec une équipe, laquelle, rappelons-le, est en Tunisie juste pour redresser la barre et remettre sur pieds, un pays mis à mal autant par la Troïka que par une opposition à la limite de la platitude. D’ailleurs, elle «brille» tellement par son immaturité, sa capacité de nuisance et son incapacité à offrir au pays une alternative politique sérieuse, que nous avons eu besoin de faire appel aux sentiments patriotiques de ces compétences payées ailleurs à des centaines de milliers de dollars. C’est à se demander si nous ne devons pas «commander» de nouveaux leaders pour les prochaines élections ! Et surtout s’interroger sur les raisons de la vindicte des opposants de toujours à l’encontre d’une élite qui leur a promis qu’elle ne rivaliserait pas avec eux lors des prochaines élections. De quoi ont-ils peur?
A voir leur degré de bêtise, nous ne pouvons pas reprocher au chef de gouvernement sa déclaration lors de l’ouverture du Dialogue national sur l’économie : «Ce gouvernement est là pour des réalisations et n’a pas de temps à perdre dans des polémiques politiques et idéologiques». Ceci étant, si un certain Abderraouf El Ayedi et compagnie pouvaient sauver économiquement la Tunisie, payer les travailleurs, redresser les secteurs du tourisme et de l’industrie, et assurer la sécurité après leur attentisme face à la violence des LPR, ils pourraient peut-être nous offrir des solutions à travers leur constituante et sauvergarder le pays de la banqueroute. A les voir ainsi profiter de l’argent des contribuables, il y a de quoi s’interroger sur leur utilité puisque presque toutes leurs initiatives sont destructrices pour la Tunisie.
«Aux hypocrites de l’ANC qui veulent «convoquer» la ministre du Tourisme au sujet de l’entrée en Tunisie de quelques touristes portant le passeport israélien, j’offre cette information : 24.000 israéliens se rendent au sud de la Turquie rien que pour la semaine de la Pâque juive. Alors que la Turquie est gouvernée par les islamistes de l’AKP d’Erdogan. Les Turcs ne crachent pas sur les dollars même venus de Tel-Aviv. Mais nos députés “non normalisation” veulent être plus royalistes que le roi», c’est le post d’un internaute avisé, édifié et intelligent, il y aurait même 150% de plus de touristes israéliens à Antalya qu’en 2013.
Sur le journal US Today, une déclaration d’Amel Karboul, ministre du Tourisme sur Reuters a fait la Une, catégorie Travel (Voyage). L’article prédit une hausse des arrivées américaines en Tunisie : « J’ai dit aux touristes occidentaux de venir en Tunisie, la première ” start-up democratie” dans le monde arabe, soutenir la transition démocratique, mais également profiter du soleil, des plages, du désert et de la culture». Mais à voir les constituants hystériques s’adonner à leurs bouffonneries nationalistes complètement dépassées dans le temps et l’espace, il y a de quoi douter des résultats des efforts fournis par la ministre.
Les islamistes extrémistes turcs de la confrérie dirigée par l’imam Fathulla Gülen comptent, pour leur part, selon l’hebdomadaire «Jeune Afrique» ouvrir un établissement à Cebalet Ben Ammar avec l’aide d’investisseurs privés proches des islamistes d’Ennahdha.
Le Syndicat de police qui a soulevé le tollé à propos des touristes israéliens ou les constituants tunisiens qui ont saisi la balle au vol ne devraient-ils pas se soucier des conséquences de pareils établissements sur la civilité constitutionnalisée de l’Etat tunisien ?
Amel Belhadj Ali